Toujours délicat de faire une suite à un film. Dans le cas du "Grand Blond", on peut dire que ça s'imposait presque puisqu'on laissait nos deux héros François Perrin et Christine (dans une grosse cantine) à Orly. Et puis il fallait quand même surfer sur la bonne vague du succès du premier.
L'action dans le "Retour du Grand Blond" démarre 3 mois après la fin du premier. Entre nous, les métiers de premier violon et d'espionne doivent bien rapporter car trois mois de grande vie à Rio ça doit coûter bonbon ... Mais laissons là les petites mesquineries.
Dans ce film, un petit capitaine Cambrai (là où on fait les bêtises - encore un nom de ville), sorti d'on ne sait où, enquête sur la mort étrange du colonel Milan et flaire la supercherie du colonel Toulouse.
Il y a deux différences fondamentales entre les deux films ...
Alors que dans le premier film, le colonel Toulouse a toujours une longueur d'avance sur le colonel Milan qui tombe dans chacun des pièges savamment tendus, ici ce n'est plus la même chose. Le colonel est toujours sur la défensive en réaction aux pièges tendus par le petit teigneux et têtu capitaine Cambrai.
Et ce changement de tonalité constitue un sacré renouvellement du style du premier film. Le colonel Toulouse doit maintenant improviser manigances puis des contre manigances vis-à-vis de François Perrin.
Je trouve cela plutôt génial de la part du cinéaste. Dans une suite classique de film comme on en voit des dizaines (numérotées 1, 2, 3 ...), le colonel Toulouse se serait à nouveau emparé du nouveau problème qui lui tombe dessus et aurait monté un alambiqué contre-feu contre Cambrai qui se serait heurté à la même logique "froide" du chef des services secrets. A la fin, tout aussi brillamment que dans le premier opus, sans surprise, le colonel Toulouse l'aurait emporté.
La deuxième grande différence entre les deux films c'est que dans "le Retour du grand Blond" personne ne meurt, au point que je me demande même si on est encore dans la parodie ... Et cette différence, je la trouve tout aussi géniale car elle renouvelle le film en donnant l'impression qu'on ne revoit pas la même chose.
Par contre ce qui a fait la marque de fabrique du "Grand Blond" persiste : Yves Robert et son scénariste Francis Veber utilisent exactement les mêmes recettes de comique de situation et de caractère. Les différents protagonistes sont des pros dont l'archétype est juste un peu appuyé.
On ne peut donc pas accuser les cinéastes de nous avoir servi une même daube (forcément un peu usée) mais on ne peut pas les accuser non plus d'avoir trahi l'esprit du premier film : en effet, on se retrouve avec les mêmes types de personnages tortueux pour certains, juste professionnels, ahuris ou loufoques pour d'autres.
Plusieurs scènes et nouveaux personnages sont très amusants voire jubilatoires
- le personnage du ministre de la Défense (Jean Bouise) qui vient de "l'Agriculture" que tout le monde manipule avec le plus grand respect dû à un ministre.
- la scène de la préparation des fausses funérailles du "Grand Blond" avec les vieux parents, les compagnons d'armes l'air martial et le faux curé efféminé "on va revoir ça"
- Jean Carmet (l'ami du Grand Blond qui a repris du poil de la bête depuis le premier film), toujours en survêt, qui intervient dans une scène de simulacre et rompt le charme en caillassant les agents secrets en exercice.
Et on pourrait en aligner pleins d'autres toutes aussi jubilatoires.
La fin un peu paradoxale montre que toutes les ruses des uns et des autres sont complètement éventées et les manipulateurs tous remis à leur place. Il n'y a plus d'agents secrets, il n'y a plus que des agents sans secrets. C'est sûr, là, on n'est plus dans la parodie, on est retourné dans la vie normale...
J'ai encore bien aimé.