Comme dans tout suite qui s’entend, ce film joue la carte de la surenchère mais l’exercice est ici délicat. Dans le premier opus, Pierre Richard était un ahuri qui ne se rendait pas compte de ce qui se passait autour de lui alors qu’ici, il en a pleinement conscience même s’il se fait sans cesse mener par le bout du nez. Jouant les agents secrets aux mâchoires serrées pendant cinq minutes, il glisse sur une peau de banane la minute suivante, ruinant l’image qu’il cherchait à donner. Alors certes, c’est amusant mais l’ensemble est parfois trop exagéré et Pierre Richard fait davantage le pitre qu’il n’est le Pierrot lunaire et maladroit qu’on aime voir être pris au dépourvu. Le couple qu’il forme avec Mireille Darc est, de façon évidente, moins détonnant parce que trop caricatural et moins naturel.
Le voyage à Rio au début du film semble quelque peu gratuit pour offrir un dépaysement de qualité, les péripéties qui suivent manquent de cohérence et parfois de pertinence. On s’amuse cependant devant certaines situations et on se réjouit de la prestation de nombreux acteurs de qualité dans des seconds rôles plutôt bien écrits (comme toujours chez Veber). À travers un Jean Bouise étourdissant de bêtise, une virulente critique des hommes de pouvoir se fait jour. L’administration française et ses arcanes en prennent pour leur grade (ici les services secrets). On regrettera le côté moins mordant du monde de l’espionnage où tout ici paraît moins sérieux et moins dangereux (il n’y a pas de mort dans cet opus alors que cet élément donnait de l’épaisseur au précédent).
On reprochera une fin expédiée et mal pensée, de même que certaines scènes plus bêtes que drôles qui semblent aujourd’hui démodées. Les bons mots, même s’ils sont au rendez-vous, sont par ailleurs moins nombreux. L’ensemble a cependant cet avantage d’être parfaitement fluide avec une mécanique bien huilée. Ce n’est pas grande comédie mais c’est sympathique et tout à fait distrayant.