« Your thoughts betray you, Father. I feel the good in you, the conflict. » LUKE SKYWALKER

George Lucas décide de suivre le même schéma de production que pour Star Wars, Episode V : The Empire Strikes Back. Les résultats exceptionnels du deuxième épisode au box-office prouve, il est vrai, que le pari de Lucas de financer lui-même son film a été plus que payant. Le producteur a récupéré les 33.000.000$ investis dans le budget en à peine trois mois et peut même se permettre de distribuer 5.000.000$ de primes à ses salariés. En plus de cela, l'énorme bénéfice le met l'abri du danger financier, lui offre son indépendance vis à vis des studios Hollywoodiens et une belle capacité d'investissement pour l'avenir.

Dès 1978, George Lucas a aussi rapatrié dans son fameux Skywalker Ranch ces deux filiales créées en 1975 : Industrial Light & Magic spécialisée dans les effets visuels et Skywalker Sound spécialisée dans les effets sonores. Entre la sortie du deuxième et du troisième volet de saga, il agrandit aussi son empire de deux nouvelles entités : LucasArts, société de production de jeux vidéo et THX, société d'équipement sonore cinématographique.

Pour ce troisième opus, George Lucas va ainsi continuer à totalement financer le film pour garder son intégrité artistique comme l'entièreté de la chaîne de décision, tout en s'assurant que la majorité des bénéfices lui revienne.

George Lucas décide aussi, comme pour l’opus précédent, de passer la main de la réalisation. Malheureusement, il ne peut embaucher son premier choix, Steven Spielberg en raison de démêlés financiers avec le syndicat des scénaristes et réalisateurs. Si plusieurs autres noms circulent alors comme David Lynch ou David Cronenberg, il jette finalement son dévolu sur Richard Marquand.

Comme pour Star Wars, Episode V : The Empire Strikes Back, George Lucas continue sa collaboration avec le scénariste Lawrence Kasdan pour mettre en place le récit. Ils construisent le récit, comme ses prédécesseurs, en trois parties. La première est le sauvetage de Han Solo des griffes de Jabba le Hutt ; la seconde, plus courte, voit Luke Skywalker rendre visite à son ancien maître Yoda ; enfin, la troisième est l'impressionnante bataille sur la lune d'Endor. Avec ce dernier film de sa mythique trilogie, George Lucas commence ainsi à installer un élément qui deviendra encore plus présent avec la prélogie : la symétrie. Le producteur va, en effet, beaucoup s'appuyer sur le premier film pour conclure sa trilogie au point que certains spectateurs, à l'époque, penseront même qu'il a livré en réalité un remake déguisé. L'accusation parait vite facile car en y regardant de près, en qualité de conclusion de la saga, ce troisième volet sait parfaitement se démarquer de son aîné. Il en rappelle, en fait, plusieurs éléments pour bien montrer qu'il s'agit là de la fin d'un cycle et qu'une page se tourne. Le Héros revient ainsi sur Tatooine, la planète de sa jeunesse ; le film commençant sur un endroit désertique comme le premier volet mais à l'opposé total du second qui débutait sur une planète polaire. L'autre similitude flagrante est bien-sûr la nouvelle Étoile de la Mort. Alors, certes, ici, elle est en construction et non pleinement opérationnelle comme dans le premier volet ce qui permet, au passage, d'en modifier sensiblement les visuels d'autant plus que la bataille finale va également en partie se passer autour d'une lune forestière. Finalement, George Lucas a lui-même intégré dans son œuvre les rappels assumés et les symétries d'un film à un autre. 

Star Wars, Episode VI : Return of the Jedi sort en 1983 et conclut la première trilogie Star Wars.

Le prologue du film commence donc comme les deux précédents épisodes : dans l'espace. La navette de Dark Vador aborde le chantier de la nouvelle Étoile de la Mort. Dans son discours, quelque chose a changé et frappe tout de suite le spectateur. En annonçant que le souverain viendra lui-même s'occuper de superviser la construction, il révèle que le Seigneur Sith est bien moins magnanime que lui. Le choc est grand puisque, jusqu'ici, dans les deux précédents opus, le Seigneur Noir n'avait jamais montré le moindre signe de compassion. Dès le premier dialogue, George Lucas met en place toute la thématique de ce troisième volet : la rédemption !

La première partie du film, celle centrée sur le chef de la pègre galactique, Jabba le Hutt, présente deux intérêts : d'abord introduire, un à un, les personnages principaux en montrant les évolutions de chacun mais aussi mettre un terme à une sous-intrigue en cours depuis le premier volet qui met en piste le contrebandier Han Solo contre la mafia galactique et les chasseurs de prime. Le réalisateur a ainsi l'excellente idée de les faire apparaître les uns après les autres en commençant, symétrie oblige, par les deux droïdes C3PO et R2D2. Ensuite, Carrie Fisher et Chewbacca apparaissent. La princesse est désormais très loin de l'apparence royale de ses débuts. Billy Dee Williams s'est également infiltré parmi les gardes montrant ainsi qu'il s'est acheté une conduite après la trahison contre son ami Han Solo. L'apparition de Mark Hamill se fait, elle, en deux étapes. D'abord via un hologramme, puis en personne quand il se présente lui-même dans le palais de Jabba. C'est assurément le personnage qui a le plus évolué depuis le dernier film. Il est désormais un Jedi, habillé tout de noir, sûr de ses pouvoirs, avec une classe incroyable. Il n'a, en fait, plus rien à voir avec le jeune fermier agité du premier opus. Son introduction dans ce troisième épisode est dès lors tout simplement parfaite : en mettant en place les jetons du sauvetage de Harrison Ford, l'un après l'autre, le Jedi en constituant la pièce maîtresse finale, le réalisateur installe le suspense de main de maître. Quand Luke Skywalker arrive, le spectateur est, en effet au comble de l'impatience !

La deuxième partie du film, la plus courte, se déroule sur Dagobah. Luke Skywalker tient ainsi la promesse qu'il avait faite à son maître Yoda de venir finir sa formation. La séquence permet aussi de dire adieu au vieil extraterrestre vert qui va mourir de vieillesse. Avant cela, il va transmettre ses dernier conseils au jeune Jedi, lui confirmant ce que Dark Vador lui a avoué, mais sans avoir le temps de lui dire son dernier secret. C'est donc le fantôme de Obi-wan Kenobi qui va se charger de la lourde tâche. La révélation est à l'opposée du film précédent qui était choquante et inattendue. Ici, le spectateur ressent la même chose que Luke lors de l'annonce : tout est logique et évident. Cette petite partie est de la sorte emplie d'émotions car elle met en exergue toute l'admiration et le respect que Luke éprouve envers ses mentors tout en faisant pointer un zeste de déception. Ces explications, Luke ne les comprendra vraiment que lui-même devant la vérité assénée par son père devenu Dark Vador : Anakin Skywalker est bien mort dès le moment où il a tourné le dos au Côté Lumineux de la Force.

La dernière partie se passe sur la lune forestière d'Endor. C'est aussi la plus longue : celle qui a la lourde tâche de conclure toute la saga et qui verra la Rébellion vaincre l'Empire. La bataille spatiale y est particulièrement intéressante, étant d'ailleurs la plus impressionnante des trois films. Le suspense est toujours à son comble et le rythme intense. L'une des critiques qui revient le plus souvent à propos de cette bataille finale concerne les nouveaux personnages que sont les Ewoks. Certes, George Lucas ne se cachait pas d'avoir envie de vendre des jouets sur les Ewoks, et force est de constater que les figurines Kenner sur eux ont été très populaires. Pour autant, sa vison n'était pas uniquement mercantile mais bien poussée par un désir scénaristique. La chute de l'Empire devait être due, certes au courage des hommes et des femmes de la rébellion, mais aussi à une certaine part d'inattendue. L'étincelle de la victoire, au moment où tout semble perdu, devait venir de la civilisation la moins avancée possible de la Galaxie.

Enfin, l'une des dernières thématiques est celle de la rédemption, comme dis plus haut. Luke Skywalker se retrouve, en effet, confronté à l'Empereur et à son bras droit, le terrible Dark Vador, qui s'avère n'être que son propre père. Il voit ainsi le vieil homme lui expliquer par les menus détails le piège dans lequel vont tomber l'Alliance et ses amis. L'assurance du monarque maléfique plonge le Jedi, de plus en plus, dans le désarroi et il est sur le point de plonger dans le Côté Obscur pour terrasser l'Empereur afin de se lancer dans le sauvetage de ses amis. Mais Dark Vador, protégeant son Maître, Luke n'a d'autre choix que celui de combattre son père. Il réussit néanmoins au dernier moment à se contrôler et revenir du Côté Lumineux. Il ressent aussi que son père a du bon qui sommeille en lui. La séquence finale voit donc l'Empereur prendre acte de son échec dans l'impossibilité de convertir le Jedi. Il s'apprête à l'assassiner mais faisant cela, il focalise sa concentration sur le Jedi. Il est ainsi incapable de voir la bataille basculer sur la lune d'Endor. Il ne ressent pas, non plus, les tourments de son disciple qui doit choisir entre l'obéissance envers son Maître et la vie de son fils. Finalement, au dernier moment, Dark Vador, alias Anakin Skywalker, décide de retourner vers le Côté Lumineux. Il balance par delà la balustrade l'Empereur, se libérant ainsi de sa partie sombre mais perdant alors la puissance qui l'aidait à rester en vie dans cette armure qui l'avait transformé quasiment en androïde. Aux derniers instants de sa vie, il voit enfin Luke, son fils, avec ses vrais yeux sans le masque. Luke quitte alors l'Étoile de la Mort sur le point d'exploser emportant le corps de son père avec lui. Il l'incinère avant de retrouver ses amis qui fêtent la victoire. Au loin, il revoit ses deux anciens mentors, Yoda et Obi-Wan Kenobi qui apparaissent via l'esprit de la Force. A côté d'eux, apparait alors, la silhouette de son vieux père, Anakin Skywalker, enfin redevenu dans la mort, le Jedi qu’il était et aurait dû toujours demeurer...

Comme pour les deux précédents opus, la musique est composée par le génial John Williams. Il se surpasse encore une fois proposant une partition tout simplement dantesque. Le mélomane retrouve les thèmes des deux précédents films mais le compositeur en rajoute de nouveaux de toutes beautés.

Côté technique, le film bénéficie d'effets spéciaux exemplaires. Industrial Light & Magic, la filiale de Lucasfilm chargé des effets visuels, se surpasse et livre assurément le plus bel épisode visuellement parlant. Le film a, en effet, gagné en ambition et propose une variété de plans incroyables. Du désert de Tatooine aux marécages de Dagobah, en passant par l'impressionnante bataille spatiale ou la forêt majestueuse de la lune d'Endor, tout est ici du plus bel effet.

Star Wars, Episode VI : Return of the Jedi est un épisode curieux, car il est à la fois le plus enfantin, mais il est aussi sombre et psychologique. Le précédent était l’épisode de la maturité, quand celui-ci vise un public plus large, avec l’intention de conquérir un public jeune, notamment avec les Ewoks, mais il ne perd pas de vue l’objectif principal de la saga, qui est de proposer une grande balance entre le Bien et le Mal, et de créer une véritable mythologie autour de son histoire. Il vient boucler la boucle, en suivant un rythme soutenu et cadencé par des récits parallèles qui se croisent et divergent, jusqu’à un dénouement heureux espéré par tous. La lumière a vaincu, et si retour d’un Jedi il y a bien eu, c’est celui d’Anakin Skywalker.

StevenBen
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le 28 mai 2024

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Steven Benard

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