L’entrée au panthéon

Il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine…

Troisième et dernier opus de la première trilogie, Le retour du Jedi conclut la fantastique épopée qui a révolutionné le cinéma ainsi que la science-fiction. Cette fois, George Lucas embauche le réalisateur Richard Marquand et se mêle à nouveau du scénario en compagnie du jeune Lawrence Kasdan qui avait participé à l’épisode précédent, l’Empire contre-attaque.

Le monde est maintenant solidement établi et les succès des 2 précédents opus octroient un budget généreux. Les jouets, notamment, forment une manne aussi surprenante que rentable, alors le studio peut investir.

La galerie de personnages est bien rodée et est attendue par les spectateurs impatients. Les acteurs également connaissent leur personnage et sont prêts, même si Harrison Ford enchaîne les films à succès (Blade Runner et les Indiana Jones, produits justement par George Lucas).

Pourtant, l’histoire devait être conventionnelle. Dans cette conclusion, les héros devraient gagner en commençant par sauver Han Solo, et l’Empire devrait être détruit. Comment donc ajouter un peu de suspens ? Et bien en changeant de décors, pardi ! Si l’Empire contre-attaque surprenait par ses revirements dramatiques, Le retour du Jedi nous fait voyager d’un bout à l’autre de la galaxie. Du désert de Jabba et des horreurs qui se cachent sous le sable (quel cauchemar que le tout-puissant Sarlacc) à la forêt géante de la lune d’Endor en passant par les appartements de l’Empereur sur l’Étoile de la mort, le dépaysement est total. L’idée la plus puissante est sans conteste l’adorable société des Ewoks qui charment encore 50 ans après (j’ai vérifié avec mes enfants). La découverte de l’Empereur n’est, à mon sens, pas assez développée et le terrible pouvoir du côté obscur trop peu effleuré, mais il étonne suffisamment pour que le spectateur retienne son souffle jusqu’au dernier moment. Le tour de force est, là encore, d’avoir réussi à surprendre avec le retournement de Dark Vador, héros réel de ces films. Les acteurs qui l'ont incarné peuvent se vanter d’avoir joué le personnage le plus admiré du cinéma (ainsi que le plus puissant des Jedis).

Ce film, éminemment joyeux, avec ses hilarantes courses-poursuites de speedbikes dans les arbres ou les tout aussi désopilants agacements de Han Solo, est également celui qui a le plus souffert du massacre numérique infligé par George Lucas dans les années 2000. En effet, outre le saccage de la musique, notamment celle de la fin, ce père indigne a introduit des scènes de liesse sur des mondes parfaitement inconnus qui apparaîtront dans sa nouvelle trilogie se passant… 30 ans auparavant. Mais surtout, et c’est impardonnable, il a remplacé David Prowse par ce bellâtre qui s’est ridiculisé dans la nouvelle trilogie, Hayden Christensen. C’est la première des incohérences que George Lucas a introduites dans sa propre œuvre, car Obiwan et Yoda gardent leur apparence au moment de leur mort. Il est d’ailleurs très, très dommage que les films d’origine ne soient pas accessibles et que seules les versions entachées de cette dénaturation numérique soient commercialisées.

Le retour du Jedi est la conclusion joyeuse, prévisible et pourtant surprenante d’une des plus grandes fresques du cinéma du XXème siècle. Il est, comme les 2 précédents opus, absolument incontournable pour tout amateur d’art.