The Wild Robot suit deux schémas incompatibles qu’il ne parvient d’ailleurs pas à associer : d’une part, celui d’une nature nietzschéenne définie par la cruauté des rapports entre les êtres et par la beauté qu’elle suscite pourtant dans le cœur et l’esprit de l’artiste – en l’occurrence ici, Chris Sanders et son équipe – et, d’autre part, celui d’une réconciliation naïve des animaux capables, le moment venu, de laisser de côté leur prédation pour unir leurs forces contre un tiers ennemi. Dès lors, la première partie du film installe une brutalité que sa suite détricote bêtement, rejouant la carte d’un Open Season (Jill Culton, Roger Allers et Anthony Stacchi, 2006) ou d’un Barnyard (Steve Oedekerk, 2006) dans lesquels s’observaient cette entreprise d’aseptisation et de personnification des animaux, quoique plus légitimement puisque leur propos ne visait en rien l’état de sauvagerie. En prétendant offrir une réflexion sur les relations entre nature, culture et technologie, The Wild Robot sacrifie l’intelligence sur l’autel du divertissement certes réussi, mais insuffisant compte tenu de ses intentions. On préférera, et de loin, Wall-E (Andrew Stanton, 2008) et son robot témoin des égarements de l’homme dans une technologie qu’il a su concevoir mais nullement exploiter à son avantage. Reste une œuvre à l’esthétique originale, portée par la partition entraînante de Kris Bowers.