DreamWorks aurait-il trouvé un renouveau, un souffle qui lui permettrait de combler le vide dans l’animation laissé par le triste tournant pris par Pixar (cf Inside Out 2)? La trilogie How to train your Dragon qui a marqué les coups d’éclats du studio sur la décennie passée, et le récent et surprenant (car on en attendait strictement rien) Puss in Boots 2, pouvaient laisser présager du meilleur, malgré qu’ils soient noyés dans une foule de projets affligeants. Le rappel de Chris Sanders, réalisateur du premier Dragons, à la barre pour The Wild Robot laissait augurer du meilleur. Et le constat va dans le bon sens.
Après le robot romantique (Wall-E), le robot pacifiste (The Iron Giant), et le robot médecin (Big Hero 6), voici le robot maternel. Roz, programmée pour servir, se retrouve échouée sur une île peuplée d’animaux sauvages, sur laquelle la chaîne alimentaire suit son cours, tandis que l’absence humaine a permis au monde de se reconstruire. Car nous sommes dans un futur post-apocalyptique où les rares incartades dans le monde des hommes laisse deviner leur destinée, la nôtre. Celle d’un monde où la population est réduite à peau de chagrin, cantonnée à de petits dômes aseptisés loin des ruines de l’ancien monde, où l’automatisation technologique permet aux survivants de subsister. Le climat est rude, les eaux submergent les cités d’antan, les alertes n’ont a priori pas été entendues.
Roz donc, est un élément de synthèse brut parachuté sur une île où les polygones informatiques sont recouverts d’une couche mimant la peinture manuelle. Une intrus tant dans le scénario que dans les visuels. Par une succession d’accidents dus à sa marginalisation par la faune locale, elle doit élever un oison, lui permettre de survivre à l’hiver mordant qui se profile. Elle doit alors dépasser sa programmation pour comprendre les besoins du vivant. Oublier les directives gravées en elle par ses créateurs pour apprendre à s’émouvoir. Et à mesure que l’assimilation biologique progresse, les touches de peinture viennent recouvrir ce corps étranger, par des touches de mousse et champignons. Roz s’intègre, s’adapte à cet univers inconnu, et n’en devient que plus belle. Son visage qui ne peut s’exprimer que par ses yeux (pas de simili-sourcils comme Wall-E) gagne alors en douceur par la prestation de plus en plus arrondie de Lupita Nyong'o.
The Wild Robot est une fable écologique aussi belle qu’elle est touchante, une ode à la diversité et au dépassement d’une condition qui paraît inaliénable par le lien social. Portée par une direction artistique qui parfait les prémices esquissés dans The Bad Guys et Puss in Boots 2, un casting vocal en parfaite adéquation avec les personnages présentés, The Wild Robot se place comme le nouvel espoir de l’animation du pêcheur sélénite. Tout juste peut-on lui reprocher un dernier acte assez dispensable tant il régresse vers le classicisme.