Fantaisie burlesque sur la guerre et l'innocente clairvoyance des aliénés, Philippe de Broca fait courir ses comédiens comme Buster Keaton courait 40 ans plus tôt. Ces courses folles que de Broca continuera dans ses films avec Belmondo entraînent un barnum où les stéréotypes abondent pour un légitime propos pacifiste bien en phase avec son époque les sixties.
Le plaisir vient des comédiens qui dans leur rôle de fous n'ont jamais été autant eux-mêmes: Serrault en coiffeur efféminé (jeu qu'il développera beaucoup dans la suite de sa carrière) Brialy en aristocrate libertin, Pierre Brasseur en Général à la voix rocailleuse, voilà pour les français.
Pour les étrangers, le britannique Alan Bates dans le rôle du soldat "keatonien" pris pour un fou et qui préfèrera l'être pour se mettre à l'abri de la "véritable" folie de la guerre, la charmante canadienne Geneviève Bujold dans le rôle de la fraîche Coquelicot amoureuse de ce roi de coeurs, et enfin Adolfo Celi, savoureux comédien italien ici dans le rôle de l'officier écossais qui danse une jigue au moins aussi bien que les vrais.
Le mouvement incessant du film finit quand même par lasser alors qu'à l'image des fous sortis de leur asile il s'agit d'un pur plaisir enfantin.