À mon grand déshonneur, je n’avais toujours pas vu ce bijou de l’animation française. Quel film magnifique, empli d’une telle poésie que les mots de Prévert transcrivent à chaque dialogue. L’histoire est belle tout en restant très simple, mais elle acquiert toute sa valeur, toute son ampleur, par tous les messages qu’elle véhicule : les tyrannies, les mégalomanes narcissiques, les opprimés et oubliés, la propagande… Des thématiques qu’on sent vitales pour les créateurs et qui sont pour autant enrobées dans cette histoire accessible à tout âge. On s’attache aux personnages dans leur lutte, on se sent embarqué dans cette aventure dans un univers fantastique surréaliste, avec ce château immense, irréel, et pourtant tangible.
L’animation est fabuleuse. Non seulement pour les standards de l’époque, mais aussi pour une production française. Les décors sont sublimes, proposant un univers visuel riche et détaillés sans pour autant être surchargé. On est totalement dans ce contexte surréaliste tout en restant parfaitement cohérent avec l’histoire. Tous les différents tableaux du château, chaque scène, regorgent d’une poésie dans les tracés et les couleurs. Tout comme l’animation des personnages, aux design et mouvements fluide, à la fois crédibles et burlesques. Il y a une amplitude dans les gestes des personnages, une gestion de la 3D sur un support 2D, qu’on voit rarement, rendant le tout incroyable. Et la musique bien sûr ! Magnifique et tout aussi poétique.
Bref, un petit bijou de l’animation française à bien des égards. Pionner et avant-gardiste, il reste une référence absolue et ne démérite pas son statut de culte.