Moi je suis cet éternel gamin ayant eu la chance de grandir avec Disney. Ce genre d'enfant qui faisait un cinéma pour avoir tous ces classiques chez soi. Ce petit toujours vif quand il est question de regarder quelque chose à la télé pendant que le monde s'ennuie. Le genre d'emmerdeur toujours à se la ramener avec son méga-disque du Roi Lion. Mais contrairement à Winnie l'Ourson et à tous les autres, où mes parents me forçaient un peu la main pour proposer autre chose, personne ne rechignait pour celui-ci. Et on le regardait toujours en famille. Le Roi Lion, c'est un peu une partie de moi-même, en très poilue, indispensable et inébranlable.
Il est d'ailleurs très difficile d’être objectif devant ce genre d’œuvre, mais quand tu le relances sur une télé ayant perdue quelques centimètres d'épaisseur près de 20 ans plus tard, et que tu te rends compte que tout le monde dans la maison te rejoint pour le mater, il n'y a pas à chercher plus loin. Ce moment vaut 10.
Dès que le chant zoulou commence, que le cycle éternel nous est présenté avec Simba, porté par le singe tel un Michael Jackson à la fenêtre, et que le titre tombe brusquement, on sait à quoi s'attendre : un tourbillon d'émotions.
Le film s'inspire officiellement d'Hamlet, et comme on le sait tous «on ne s'inspire pas d'Hamlet, sans casser des œufs». C'est donc tout naturellement que l’œuvre de Roger Allers et Rob Minkoff fit scandale car plagierait le manga «Le Roi Léo» d'Osamu Tezuka. Mais on s'en branle.
Ce qui frappe dans Le Roi Lion, c'est qu'il n'y a aucun temps mort, c'est du lourd, chaque scène vaut son pesant d'éléphant. Bien que l'idéologie transmise puisse être discutable, surtout quand on voit que Scar est un révolutionnaire dont les attentions de renverser la monarchie semblent parfaitement louables, les scénaristes ont très bien su détourner ceci. Bon détournément également pour les hyènes qui se retrouvent du côté du futur tyran aux allures nazis, contrairement à ce que l'Histoire nous a laissé dans les années 30-40. Les hyènes, qui sont un peu les arabes de la savane, se retrouvent ici mélangées à des handicapés comme Ed, et se révèlent être de vrais nuisibles quand ils envahissent la terre des lions.
Avec cet appropriation qui bonifie le scénario, Scar se révèle être un personnage brillant. Si Scar défendait une cause «noble», celle de renverser la dictature des lions et d'éradiquer la loi du plus fort afin que tout le monde vive ensemble, il se révèle être un lion avide de pouvoir, vite corrompu par cette soif, qui vient à profiter de la naïveté des gens pour prendre le pouvoir, plutôt qu'être un sauveur instaurant une réelle république. Son coup d'état peut notamment faire penser à celui des nazis, particulièrement pendant sa chanson badass.
Mais Le Roi Lion, c'est avant tout l'histoire de la vie. D'un lionceau ayant soif de reconnaissance, inconscient des dangers, prêt à tout pour s'affirmer en tant que tel, comme lorsqu'on assiste à sa chanson comme quoi, c'est lui Simba, c'est lui le roi, du royaume animal (...), puis de sa péripétie riche en adrénaline au cimetière des éléphants. Tout est fabuleusement maîtrisé, chaque scène est poignante, qu'elle soit drôle, haletante ou émouvante. Comme lorsque l'aventure de Simba et Nala aboutie à un dialogue affreusement triste avec son papa à propos de l'avenir, surtout quand on sait qu'elle est précurseur de la scène mythique sponsorisée par Kleenex. Séquence aussi palpitante avec cette course effrénée, qui nous montre le maîtrise du plan technique avec ces fameux zooms, qui est également émouvante avec cet acte assassin et ce dernier câlin naïf sous la patte du lion.
Le Roi Lion, c'est la vie. Simba va grandir avec une idéologie différente, avec ces êtres en marge de la société : Timon & Pumba. Assimilables à des anarchistes qui n'ont rien à foutre, à part profiter de la life à la mode Hakuna Matata. Le Roi Lion, c'est la vie jusqu'à le reprise en main de Simba à propos de son destin, qui en a marre d'être un hippie et de bouffer des insectes à force d'être défoncé par les pets de Pumba, suite aux merveilleuses retrouvailles de Nala et à l'auto-persuasion de Rafi.
Rafi qui ?
Bah Rafiki.
Le Roi Lion est un véritable ascenseur émotionnel, aussi intéressant que divertissant. Disney ne fait plus que rêver, il fait désormais grandir. Chaque scène qui se suit, est soit drôle, soit triste, soit mouvementée ou te donne envie d'improviser la chansonnette. Sans parler de la musique d'Hans Zimmer qui retentira éternellement dans la tête de chaque grand enfant, tant qu'elle est inoubliable. Une chose est sûre, c'est que chaque scène est culte, et qu'à chaque fois que la fin approche, lorsque le royaume renaît de ses cendres, c'est un sentiment indescriptible au plus profond de moi qui renaît également.