C'est évidemment très bête à dire mais les films des frères Larrieu ne me donnent généralement pas envie. Les affiches sont moches et Tralala ça avait l'air un peu foireux (mais je le verrai un jour). Le titre de ce nouveau film me faisait penser à La ballade de Jim de Souchon et c'est un artiste dont la musique me gave de manière générale. C'était mal parti mais devant l'avalanche de bonnes critiques, j'y suis allé quand même, et je me suis fait avoir.
La mise en scène est souvent sobre malgré quelques choix assez judicieux comme l'irruption des photos à l'écran tout le long du film, en négatif lorsque le personnage principal, Aymeric, les prend avec un appareil photo argentique. Ça donne un rendu étrange mais comme il ne les fait pas développer, on se dit qu'il les voit toujours un peu comme ça sur ses pellicules, avec les mauvaises couleurs.
Ce qui m'a évidemment chamboulé c'est cette histoire qui s'étale sur une vingtaine d'années. On ne pige pas trop comment les frangins derrière les caméras veulent nous cuisiner au début du film avec la jeunesse de ce type un peu benêt, et puis les pièces du puzzle s'assemblent petit à petit.
Les dialogues sont aussi particuliers que la façon dont les acteurs les jouent, mais on arrive à se dire que ce petit monde est tangible avec ces paysages blindés de montagnes et de nature luxuriante. Cela pourra entrainer une réaction de rejet chez les spectateurs car d'une certaine manière chaque personnage peut être considéré comme insupportable, mais ça devient bizarrement cohérent. D'ailleurs Noée Abita est trop cool dans le film alors qu'elle ne fait pas grand chose à part suggérer des projets d'assassinats à son frère (c'est à chaque fois très drôle) et être une DJ qui a beaucoup de classe. C'est très plaisant, ces personnages secondaires qui font office de rayon de soleil dans les moments compliqués que traversent le protagoniste, et celui d'Olivia en est un autre exemple.
C'est là pour moi que la magie opère, je crois à cette relation qui se casse et aux interrogations de ce type qui vieillit alors que l'écriture et les réactions des personnages me rappellent sans cesse que je suis face à un film. Et tout cela m'émeut quand même, plus fort que ce à quoi je pouvais m'attendre lorsque le film a commencé.