Ce qui impressionne en premier lieu en finissant le film c'est de constater qu'il est de 1945 mais d'une modernité incroyable.
Que ça soit les dialogues, le sujet (qui parle de féminité, mais la vraie pas celle politisée) la mise en scène léchée et sophistiquée c'est tellement maîtrisé qu'on peut le voir sans problème aujourd'hui il n'a pas vieilli d'un sou.
Évidemment c'est en grande partie aussi grâce à l'actrice principale qui sublime l'écran je parle de la superbe Joan Crawford dans le meilleur rôle de sa carrière. Elle arrive à passer toutes les émotions sans dialogue , c'est une grande actrice. Toujours à la fois un air triste et gai.
Sur le plan de la mise en scène on oscille entre :
- un debut très film noir avec son lot d'interrogations, son ambiance sombre et qui débute direct sur une scène de meurtre très efficace avec un goût de mystère (le nom de Mildred Pierce étant la dernière parole de la victime)
- un flash back qui dure quasi tout le film , juste entrecoupé à un moment donné pour revenir au commissariat le temps de reprendre son souffle. La grande partie narrée est plus mélodramatique. Sur une histoire de gloire et descente aux enfers.
Enfin les seconds rôles sont parfaitement interprétés, on a l'impression vraiment d'un effet d'entourage toxique pour la pauvre Mildred (un mari volage et froid, un insistant lourdeau, un dandy profiteur et une peste de fille). Seule la deuxième fille au destin tragique sera le seul ange du film.
Je peux juste reprocher parfois un peu trop de parlotte mais chez Michael Curtiz c'est une marque de fabrique. Si les dialogues sont bien construits ça me dérange pas ce qui est le cas ici.
Au final nous avons là un beau fleuron de film noir Hollywoodien des années 1940.