A mes yeux, "Mildred Pierce" constitue l'archétype du classique hollywoodien des années 40 :
un réalisateur au sommet de son art (Michael Curtiz), une star de cinéma parvenue à maturité (Joan Crawford, dont le visage figé convient bien à ce rôle), et un scénario qui mélange habilement portrait de femme, mélodrame et film noir - adapté d'un auteur réputé (James M Cain, à qui l'on doit notamment "Le facteur sonne toujours deux fois").
On pourra trouver que le récit avance parfois trop vite au rythme de ses fréquentes ellipses, et que la psychologie des personnages apparaît un peu sommaire, même si la jeune et jolie Ann Blyth, pour son premier rôle au cinéma, brille dans ce rôle de petite garce sans état d'âme, pourrie gâtée par sa chère maman.
Par ailleurs, lorsqu'on on connaît l'histoire personnelle et familiale de Joan Crawford, on pourra savourer la cruelle ironie de la situation, qui voit la comédienne exceller (au point d'être récompensée par un Oscar) dans ce rôle de maman dévouée, prête à tout sacrifier pour sa progéniture...