Le charme d'antan

Premier film d’animation français, et pionnier de l’animation en volume, ce Roman de Renard étonne par son originalité, par la qualité de ses animations, et également ses effets visuels étonnants. Satire sociale dans la tradition du Moyen Âge, alliant humour et poésie, l’histoire adapte les récits médiévaux français du XIIe et XIIIe siècle réunis dans Le Roman de Renart. Si le film est respectable pour ses innovations et son statut d’œuvre emblématique, on ne pourrait s’empêcher de la considérer aujourd’hui comme une antiquité, en raison de ses nombreux aspects vieillissants, l’absence de couleur, ainsi que sa bande-son et ses cadrages très approximatifs.

L’authenticité de l’œuvre, et le travail minutieux du couple Starewitch sur la fluidité et la précision des mouvements, sur l’esthétique des personnages et les décors, font plaisir à voir. Le spectacle parvint à conserver notre attention grâce à de petites trouvailles visuelles inattendues, qui apportent du dynamisme et du rythme au résultat final.

Le film déborde d’un charme et d’une poésie dont on ne saurait être insensible.

Malheureusement, les défauts sont nombreux et ils nous sautent aux yeux. L’histoire n’est pas très intéressante, et dès l’instant où l’on comprend les ressorts de l’intrigue, on ne peut plus être surpris. L’humour et les dialogues ont perdu toutes leurs saveurs avec le temps, ce sont les aspects les plus vieillissants du film. Les personnages se ressemblent beaucoup, et il n’est pas rare de confondre le loup avec le renard, un effet grandement accentué par l’absence de couleur.

Les adultes pourront trouver en ce film un véritable divertissement, mais leurs enfants risquent de passer leur tour.

Il serait bien évidemment très injuste de noter cette œuvre sur des critères, des comparaisons et des considérations actuelles, tant le film peine à se dissocier de son époque. Au vu des moyens techniques des années 1930, ce film d’animation en volume se défend extrêmement bien, grâce notamment à une poésie surannée, mais pas moins élégante et recherchée. Toutefois, si Ladislas Starewitch ne manque pas de talent, on ne saurait dire que son œuvre est intemporelle. Bien au contraire, on ne peut que regretter son évanescence, contrairement aux Classiques des Studios Disney de la même époque, qui eux ont su garder une place dans le cœur du public. S’il est vrai que le film est très démodé, son charme et son audace méritent largement le respect du public. Aussi l’œuvre occupe une place importante dans l’histoire du cinéma parmi les premiers longs métrages d’animation, et ça, ce n’est pas rien.

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