Le Ruban Blanc ou la puissance du symbole
Dans le Ruban blanc de Michael Haneke, dont le titre est révélateur de la place accordée à ce fétiche dans l’intrigue, il est question du lien entre le concept d’autorité religieuse et sa matérialisation. Dans ce cas précis, le pasteur noue un ruban blanc aux bras de ses enfants, symbole de la pénitence à laquelle ils sont soumis pour avoir désobéi. Expli- citement, le pasteur leur dit qu’il se doit de le leur nouer pour qu’ils se souviennent de « l’innocence et de la pureté » qu’il attend d’eux. La religion étant utilisée comme alibi pour assoir l’autorité, le ruban blanc devient aussi bien un objet transmetteur de principes moraux, qu’une étiquette honteuse. Il est le symbole du pacte rompu entre les enfants et leur père quant à la conduite à suivre. (Rappellons qu’un symbole peut être un objet, une image, un mot, un son ou une marque particulière représentant quelque chose par association, ressemblance ou convention). On sous-entend quelque part que le port de ce ruban facilite aux enfants l’obtention du pardon ; sa présence constante leur rappelle sans cesse la faute commise et l’on sait que la culpabilité et la honte sont nécessaires à la pénitence. Parce que cette coutume est pratiquée par l’ensemble de la communauté, ce symbole punitif compris de tous, est aussi une manière de distinguer les enfants vertueux de ceux qui ne le sont pas. À travers ce film, Haneke nous fait mesurer la puissance du symbole, son empreinte et son impact sur la société.
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