De la même veine que Trois samourais hors-la-loi, même si je le trouve un poil moins convaincant. Néanmoins, il en est un parfait complément. Là où les trois samouraïs nous quittaient le vent en poupe, notre principal protagoniste est ici en fuite (encore une fois chez Gosha, le premier plan nous plonge directement dans le film) après avoir assassiné son seigneur qui a refusé la réforme proposée. Et nous passons cette fois à une seule unité d'action, la montagne d'or, qui devient l'apanage de tout un cortège d'hommes. Cet environnement symbolisant un vecteur de changement, ils sont prêts à tout pour devenir des bêtes pour ce que cet or représente, l'un d'entre-eux étant même prêt à laisser tomber sa femme donnant lieu à des séquences sacrément tendues, surtout pour elle.
Mais les choses ne sont pas aussi simples, car les différentes rencontres qui en résultent, le tout prenant la forme d'un immense échiquier où finalement presque chaque affaire se réduit à la pointe du sabre, finissent par questionner le bien-fondé de cette quête "d'un monde meilleur". Chacune d'entre-elles développe en effet un aspect différent autour de cette thématique de l'or, prétexte pour une réflexion plus large sur la nature humaine, à savoir le sens de l'honneur, le devoir, l'ascension sociale, et finalement les sentiments profondément humains qui parviennent parfois, non sans un goût prononcé de fatalité, au devant de la scène.
Côté réalisation, la montagne est bien mise en valeur, et des petits détails autour du maniement des armes, comme le calcul de l'espace requis pour manier le sabre dans une pièce, sont bienvenus, avec donc à la clé des séquences d'action qui valent le détour. Cependant j'ai trouvé le sous-texte autour des thèmes un peu trop explicatif et donc poussif là où les gestes suffisaient dans Trois samouraïs hors-la-loi pour faire deviner leurs intentions, et au fond le protagoniste principal est un peu trop vite présenté comme le seul bon gars qui ne deviendra jamais totalement une bête, lui préférant ainsi pour ma part le destin et le revirement de ce couple paria où rien n'était joué jusqu'à la dernière seconde.
Au final, de cette intrigue à forte connotation symbolique, je retiendrai surtout le côté panoramique des personnages (une chose que Gosha gérait dès ses débuts au cinéma) où l'on assistera pour chacun à une remise en question (du moins ceux qui n'ont pas le pouvoir) dans ce jeu de survie où rien n'est assuré d'avance avec des règles qui changent constamment. Des alliances qui en effet se font et se défont selon des schémas pas toujours évidents, par opposition à une autorité toujours écrasante en nombre et en déterminisme, et un devoir et un désir d'élévation qui ne pèsent pas moins lourds.