Avec "Hara Kiri" et "Rebellion", "Le sabre du mal" est un de ces chambaras tardifs qui mettent en question le bushido et s'affranchit des codes du genre.
Magnifiquement réalisé dans un noir et blanc très soigné, le film compte de très belles scènes de combat au sabre, notamment sous la neige, qui raviront les afficionados du genre. La violence n'est pas sublimée comme dans les "Baby Cart" : les coups de sabre sont montrés crûment, sans ellipses ; on sent la fatigue croissante des combattants (notamment lors de la séquence de fin hallucinatoire) ; ils sont toujours crédibles ; la violence infligée est souvent horrible, et le réalisateur ne cache pas son côté absurde et vain.
Le jeu d'acteur est très maîtrisé. On notera le recours inhabituel au gros-plan, qui s'explique sans doute par le parcours d'Okamoto, connu surtout pour ses comédies sociales et ses films de Yakuza.
La trame narrative est un peu complexe : comme il s'agit de l'adaptation d'un roman-fleuve de plusieurs milliers de page, il y a beaucoup de personnages et l'on sent vaguement qu'il a fallu faire des choix, couper (notamment sur la relation entre le samuraï méchant et sa compagne). Il n'en reste pas moins que la dernière heure est particulièrement prenante.
Un chambara de très bonne qualité.