En sept jours, Dieu créa le monde.
En sept films, Tarkovski nous résuma sa beauté.
On a dit un jour à Tarkovski qu’il ne ferait que sept films… mais des bons ! Je peux affirmer, après avoir à présent vu l’intégralité de ses longs métrages, que cette « prédiction » était vraie.
Ce septième et ultime film du maître russe n’est peut-être pas son plus beau, bien qu’aucun instant ne soit pas un véritable plaisir visuel. Ce n’est peut-être pas son plus touchant, bien que certaines scènes nous vont droit au cœur. Ce n’est peut-être pas son plus marquant, bien que la fin est inoubliable. « Le sacrifice » est l’ultime œuvre d’un grand homme, l’ultime preuve de son talent, l’ultime découverte de son point de vue sur le monde, sur la vie, sur l’homme.
Alors que le réalisateur sentait sa mort venir à grand pas, le film, encore une fois, est le miroir de sa vie. On y découvre un homme, entouré de sa famille (désir suprême de Tarkovski), qui change, mentalement, spirituellement, après l’annonce de l’Apocalypse. C’est alors qu’une figure apparaît dans sa vie : celle de Dieu.
Dieu, le créateur, à qui l’on doit toutes choses.
Le film est riche en émotion, en grands dialogues, mais toute la puissance de Tarkovski est résumée dans le fameux plan séquence (presque) final. Méticuleuse, magistrale, cette scène est un des plus beaux moments de la filmographie du réalisateur, et un des plus grands moments du cinéma.
L’ultime séquence, faisant écho à la première de L’enfance d’Ivan, le point de départ de Tarkovski, est simple et somptueuse ; elle en devient absolument merveilleuse lorsque l’on prend conscience que ce sera la dernière qu’il nous montrera.
Au commencement était le verbe, à la fin était l’image.