Si Tarkovski est aujourd'hui l'un des grands maîtres du Cinéma, au niveau d'un Bergman (et "Sacrifice" est filmé chez Bergman, avec les acteurs et le cameraman de Bergman, ce qui fait que l'ombre de Bergman plane sur le film), c'est que, au-delà de la force et de l'élégance de son style, il est l'un des rares auteurs à nous parler de l'Humanité au sens large, d'un point de vue cosmique comme d'un point de vue moral. Miné par la maladie, Tarkovski a clairement voulu faire une sorte de testament lumineux où mettre sa vision ultime de notre monde, comme une sorte de réponse sereine mais déchirante à la question fondamentale : "Pourquoi vivons-nous?". En choisissant une distance du regard qui évite l'identification confortable, et une durée des plans qui force la méditation, il positionne le film à la fois comme un lieu et un outil de réflexion, rare et magnifique. [Critique écrite en 1986]