Le voir n'en fut finalement pas un...
C'est malin, après ma première expérience non concluante avec l'univers Tarkovskien (cf critique « Nostalghia »), j'avais déjà préparé une ou deux saillie tournant autour du titre de cette seconde plongée dans la filmographie du maître, du style de : « le sacrifice de ma soirée », ou « le bon goût sacrifié », etc..., (enfin, j'aurai cherché un truc quoi) en cas de récidive concernant l'inclinaison de mon jugement.
Et voilà que je me vois bien obligé d'avouer y avoir trouvé pas mal de qualité, à ce sacrifice.
La première d'entre elles étant que, contrairement à la première fois, je n'ai éprouvé ni ennui ni (grosse) fatigue tout au long de ses 2h20 sobres et finalement assez intenses.
Entendons nous bien : les films d'Andreï Tarkovski ne sont pas des pantalonnades déconnantes, des farces légères et grivoises, pas plus que des apologies frivoles et primesautières d'un art de vivre hédoniste et insouciant. Rien de tout ça : nous sommes bien en présence d'un objet Tarkovskien type : c'est lent, ça travellingue en latéral, et ça disserte sur le sens de la vie et toutes ces sortes de choses.
Finalement, l'intérêt que l'on peut porter à un film peut tenir à peu de choses.
Est-ce l'atmosphère épurée et crépusculaire (hop ! Un point Inrock !) de cette île suédoise qui m'a ensorcelé ? La qualité des réflexions des premières scènes introductives (une petite demi-heure au compteur tout de même) ?
Le jeu parfaitement maitrisé des différents protagonistes ? L'aspect Bergmanien de l'œuvre ? La force iconographique inouïe (deuxième point Inrock ? ça peut compter ?) de la scène finale ?
Sans doute un peu de tout cela.
Mais tout, loin s'en faut, ne m'a pas totalement emballé cependant.
A ce titre, et principalement, le discours religieux véhiculé par le film me rebute. La possibilité de l'expression d'une sensibilité de ce type n'est pas rédhibitoire chez moi, mais le fait que ce prosélytisme (putain, cette avalanche de mots à trois syllabes et plus !) prenne une forme discursive et frontale me refroidit instantanément.
Au final, un film qui a infléchit le rapport que j'entretiens désormais avec le cinéaste, rapport qui s'était ouvert sous de bien funestes auspices. La quête va donc pouvoir se poursuivre.
PS : la preuve que les films de Tarkovski ne sont pas sexués est bien que, malgré la très belle apparition d'un corps féminin nu au cours d'une scène élégiaque (troisième point, j'ai gagné), nous sommes en présence d'un film employant Valérie Mairesse sans qu'on ne lui voit son dodu postérieur. Sacré contre-emploi.