C'est vrai que le film met du temps à démarrer, mais on ne peut que s'en féliciter plus tard quand on constate que cette longue introduction a permis de créer un contexte crédible et de nous attacher aux héros en vu de ce qui va suivre. D'ailleurs, le changement de ton entre ces deux parties est assez radical, on passe ainsi de la comédie bon enfant aux accents dramatiques, à du grand cinéma d'aventure à l'ambiance grave et au suspense parfois insoutenable.
Dans cette seconde partie, tous les éléments sont réunis (jeux d'acteurs, rythme, effets spéciaux) pour nous faire passer un moment aussi éprouvant qu'inoubliable. Dans une tension extrême, les masques des (anti-)héros tombent et révèlent leur vraie nature au grand jour, transformant complètement l'image que l'on avait d'eux. L'étude psychologique de ces personnages en proie au désespoir est savoureuse. Et puis quel final tout de même !
Les paysages arides du Sud-Est de la France (Arles, bambouseraie d'Anduze, Camargue, Gardon) donnent assez bien l'illusion que l'intrigue se déroule en Amérique du Sud, tout comme les décors construits qui sont plutôt réussis. De plus, certains plans crépusculaires sont particulièrement beaux, notamment ceux dans la nature désertique.
Encore un excellent cru du génial Henri-Georges Clouzot, qui prouve qu'avec la volonté, les moyens et les idées, le cinéma français est capable du meilleur et n'a rien à envier au cinéma américain. J'ajouterai enfin que son casting est génial en tout point, je n'aurai jamais imaginé ce film avec d'autres acteurs que ceux-ci. Charles Vanel reste bien évidemment mon préféré, pour sa gueule, son jeu, sa présence et l'évolution étonnante de son personnage.
Le Salaire de la peur, ça c'est du grand cinéma d'aventure ! Du vrai !