Scénario :
C'est Mario.... Ok, non.... Pas le Mario auquel vous pensez.
Il vit dans une ville d'Amérique du sud totalement paumée d'où personne ne peut réchapper. La cabane où il vit est tellement petite qu'il est obligé de la partager avec Luigi.... Ok, non... pas le Luigi auquel vous pensez, celui là est italien...
Bref. Mario ne fait rien de très intéressant, il passe son temps au bar avec son pote Jo à boire de l'alcool à crédit et il a une relation minable avec une fille mais ça à l'air d'être à sens unique.... Heu... non, c'est pas ce que vous croyez.
Du coup, comme il y a un job super dangereux à faire dans le coin, devinez qui tente de s'y coller ? Mario. Ça consiste d'ailleurs à faire attention avec des explosifs et... Non, pas ces explosifs là... Ho et puis merde.
Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"
En tant que sujet d'étude :
Le Salaire de la Peur est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma d'Henri Georges Clouzot un réalisateur dont je n'avais vu que Les Diaboliques et le Mystère Picasso.
Clouzot est parfois surnommé le "Hitchcock français" et c'est plutôt vrai lorsque l'on voit Le Salaire de la Peur et les Diaboliques : des films fonctionnant au maximum sur le suspens, sur les situation dangereuses avec un formalisme dans la réalisation. Clouzot adore les belles images (ce qui se voyait aussi dans Le Mystère Picasso) et a des idées franchement intéressante de mise en scène : notamment au début du film lorsque Mario explique à Jo la situation qu'ils vivent en ville sous forme d'un montage successif. La fin, même si je ne l'aime pas, offre aussi un parti pris de mise en scène.
S'il a plutôt vieilli (notamment les scènes de conduite en camion qui sont visiblement faite en studio et dans lesquels les personnages tournent sans arrêt le volant alors qu'ils sont dans un camion qui est censé JUSTEMENT tourner le plus rarement possible) le film est encore hyper impressionnant, notamment pour son décors d'Amérique du sud totalement tourné en France. Ca a beau fonctionner en partie à cause du noir et blanc... c'est quand même assez niquel.
Le scénario est assez intéressant puisque fonctionnant sur la ficelle du "parcours d'obstacle" que les personnages doivent remplir mais il le fait très bien. Après, Clouzot aime bien mettre des personnages à la moralité "grise" dans ses films, provoquant un effet étrange. En effet, si le convoi est composé de deux camions, l'accent est mis sur celui de Mario et Jo, les deux français, qui sont pour le coup assez détestable : entre la lâcheté de Jo et son côté tricheur et le fait que Mario soit un connard avec sa copine, on a un peu de mal à les trouver cool. Alors qu'à côté, l'équipe secondaire de Luigi et Bimba est plus attachante : ils sont gentil, assez courageux, fair-play, drôles et semblent avoir un background assez fouillé.
Je pense que c'est probablement volontaire afin que le choc de leur mort brutale (et hors champs) n'en soit que plus percutante.
Le film aura pas mal marqué, notamment en raflant tous les prix cette année là (Ours d'Or, Palme d'Or, etc...) et en montrant le savoir faire français. Le film aura quand même connu deux remake mais n'aura pas ouvert la voie à la possibilité d'avoir des "films d'action à la française." Dommage.
Mon avis personnel :
Si j'ai vraiment aimé le film, le truc qui m'a quand même le plus marqué c'est de voir à quel point la fin est NULLE comme c'est pas permis.
Mario est le seul des camionneurs à arriver à bon port avec le chargement de nictroglycérine. Il se fait payer, mais trop content, sur le chemin du retour, il a un accident avec le camion, dans un ravin. Parce qu'il écoutait le Beau Danube Bleu à la radio et qu'il s'est amusé à tourner le volant dans tous les sens pour s'amuser. MAIS – QUI – FAIT – ÇA – DANS LA VRAIE VIE ?
Et pour le coup, j'ai jeté un coup d'oeil au scénario du remake de Friedkin et celui-ci me semble, s'il est tout aussi noir, bien plus cohérent.
Autre truc qui m'a un peu gavé : la mise en place est vraiment longuette : Il y a bien 45 minutes dans la ville, à voir les personnages glander, s'engueuler entre eux, glandouiller, etc... Dommage quand en plus, une partie de ce scénario a été expliqué par un montage intéressant et qu'en plus, une partie des personnages vus à ce moment là (je pense à certains des étrangers qui glandouilles au café) n'ont aucune incidence sur la suite de l'histoire. Après, c'est assez rigolo de voir un film où les occidentaux sont les parias fauchés indésirables et les sud américains sont excédés par ces étrangers pauvres et vulgaires.
Dès que le film commence à entamer la partie "conduite de camions sur une route semée d'embuche" il en devient passionnant. J'ai absolument pas vu le temps passer et j'avoue avoir trouvé ça hyper prenant. Le film est encore très intéressant à regarder et prenant malgré ses 65 ans, et impeccable au niveau du jeu d'acteur et de la technique.
Et là, chapeau.