Le Salon de musique, film au rythme lent, nimbé de nostalgie et de tristesse. Récit d’un aristocrate de la caste des Zamindars, propriétaire terrien et mécène qui consomme sa propre ruine et qui est le témoin d’une époque qui disparaît.
Cet homme narcissique, est prisonnier de la conscience qu’il a d’appartenir à une caste supérieure. Il est orgueilleux, méprise ceux qui n’appartiennent pas à son milieu, il les humilie par son attitude méprisante. Sa passion pour la musique s’inscrit dans cette conscience qu’il a de son excellence et de sa supériorité. Mais cette passion le détruit non seulement en le ruinant mais également en le coupant toujours plus des autres. Il fait passer toute sa fortune dans des réceptions qu’il donne dans son salon de musique. N’ayant jamais manqué, il ne sait pas ce que c’est que de ne plus avoir d’argent et tant qu’il en a, il le dépense… Jusqu’au jour où les caisses sont vides… Et cela arrive de pair avec la perte de sa femme et de son fils dans un accident.
Lui qui existait à travers l’image qu’il donnait de lui-même par ses réceptions se replie dans une solitude absolue. Ne pouvant supporter que son voisin, nouveau riche ouvre à son tour un salon de musique, il rouvre une dernière fois le sien et fait passer le peu d’argent qui lui restait pour en mettre plein la vue à son rival en engageant les meilleurs musiciens et la plus grande danseuse du pays pour une soirée. Dernière soirée de faste, dernière soirée de sa vie. Lui qui se vantait du sang qui coulait dans ses veines, sang de ses prestigieux ancêtres, il le répand sur la plage dans un accident de cheval et finalement ce sang est le sang commun à tous les hommes… Il n’était qu’un homme comme les autres.
Le Salon de musique comporte une anthologie de musique hindoustanie, originellement musique de cour. Cette musique a par la suite charmé les auditeurs dans les salons de musique, comme c’est le cas ici. Pour des oreilles non initiées ces sonorités peuvent être déroutantes… Lors de la dernière réception dans le salon de musique, Roshan Kumari, danseuse de kathak, nous offre une magnifique chorégraphie typique de cette culture raffinée. Grâce au grand miroir qui orne le salon, nous voyons la danseuse évoluer de face, mais aussi de dos.
Ce très beau film indien n’a été connu que très tard en France. Réalisé en 1958, il est arrivé dans les salles de cinéma en 1981 après que Ciné-club d’Antenne 2 l’ait fait connaître.
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