Melville est un paradoxe à lui tout seul parce que ses films se regardent sans déplaisir malgré des lenteurs qui virent parfois au ridicule (les jeux de clés, la pose des micros) et de facilités de scénario qu'on ne pardonnerait pas dans une série B. Car enfin, quand on va tuer le boss d'un night-club, la moindre des choses c'est d'opérer avec un silencieux et éventuellement se grimer le visage... Et s'il n'y avait que ça, au lieu de rentrer chez lui, peinard, Delon se réfugie dans un tripot sans se changer et se fait coffrer... et le voici au milieu d'un paquet de 400 suspects (qui ont tous un chapeau et un imper !), mais Perrier qui a du flair s'intéresse prioritairement à lui (mais pourquoi donc ?) On passera sur le whisky que l'on commande au bar mais qu'on ne bois pas, sur une perquisition sans mandat, sur ces plaques d'immatriculation que l'on change (pourquoi ?) sur Cathy Rosier qui ne répond pas au téléphone malgré sa promesse, et sur cette surréaliste chasse à l'homme dans le métro. Et histoire d'en rajouter une couche nous avons un final incompréhensible (la filature était cassée, mais on le retrouve ? Et pourquoi ce chargeur vide ? Qu'aurait-il fait si la police n'était pas venue ?) Si on y ajoute un piaf énervant et une musique horripilante, on a assez de casseroles pour nourrir un orchestre symphonique. Et pourtant car c'est cela le paradoxe de Melville, on peut apprécier ce film bien réalisé, bien interprété (ah, le sourire de Cathy Rosier.) et quelque part fascinant !