Le Samouraï comme bon nombre d'autres films de Jean-Pierre Melville est quasi devenu instantanément un classique du cinéma français. Le scénario est taiseux, il faut attendre de longues minutes pour avoir les premières lignes de dialogues et même à ce moment-là, cela restera très avare en la matière avec cette histoire d'un tueur à gages (joué par Alain Delon au sommet de son art) exécutant un contrat pour être ensuite inlassablement traqué par la police et un commissaire en particulier (interprété lui, par François Périer). Si le récit est rempli de séquences mutiques, ou le personnage marche, vaque à ses occupations, est interrogé inutilement par les flics bref de moment "vide" narrativement ce n'est pas le sensation que l'on ressent ! C'est là tout le talent de Melville, il fascine sans raconter grand-chose, dans la seconde moitié tout se précipite quelque peu pour aboutir à une conclusion pleine de fatalité et même de suspense. Melville esthète dans l'âme donne à sa mise en scène un véritable cachet personnel, tout est gris dans ce film, les murs lézardés, des rues de Paris, les costumes, le ciel, ... pour un résultat à l'écran vraiment spécial, très osé même presque irréel.