Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film."
Scénario :
Alain Delon est dans le rôle d'un tueur à gage froid et méticuleux. Enfin, pas si méticuleux que ça, parce que lorsqu'il doit abattre le gérant d'une boite de nuit, il rentre par l'entrée du public et sort du bureau où il vient de commettre son meurtre en croisant une bonne dizaine de témoins. Sans doute parce qu'il sait qu'il est Alain Delon, il sait qu'il va s'en tirer et que les témoins sont bigleux. Mais ça fout un peu la merde, parce que la police est grave vénère et ses commanditaires aussi. Mais comme c'est Alain Delon, il va réussir à niquer leur race.
Ha, et le titre c'est en référence à un passage du Bushido (totalement inventée par la production du film.)
En tant que sujet d'étude :
"Le Samouraï" est le film que j'ai pris afin de m'initier au cinéma de Jean-Pierre Melville. Un cinéaste dont j'avais rien vu et dont la filmographie est parsemé de films de polars ou de films de guerre assez célèbre comme Le Cercle Rouge ou L'armée des Ombres. Bref, c'est loin d'être un rigolo.
Pourtant, ce qui m'a frappé c'est surtout le pédigrée de ce film : Coppola, John Woo, Tarantino, Chow Yun-fat, Jim Jarmush, tout le monde admire "Le Samouraï". Le film est aussi une des sources d'inspiration de la série de jeux Hitman et ça se retrouve vraiment. Avec ce film, la figure du tueur à gage trouve ses codes : l'impassibilité du personnage, la froideur méthodique, les contrats, les filatures, les petites combines invisibles lui permettant d'avoir des alibis, des armes et des voitures à fois. Pas étonnant que cela ai été réutilisé comme autant de gimmicks depuis 50 ans.
A l'image de son personnage de tueur à gage, le film est froid et millimétré. Le cadrage est maitrisé, le montage est méthodique et les dialogues sont cantonnées à leur strict minimum. On trouve de nombreuses scènes silencieuses, le film n'est pas avare de plans fixes, ainsi que d'une certaine imagerie propres aux gangsters : club de Jazz, joueurs de pokers, prostituée de luxe, etc... Ceux-ci sont joués avec un premier degrès qui encre encore plus le film dans sa rigueur.
Mon avis personnel :
RHaaaa, c'était bien! J'ai été complètement scotché par ce film. Il faut dire que malgré son côté lent et froid, Jean-Pierre Melville n'oublie pas de raconter une histoire et de tenir en haleine. Même si le fil de l'histoire est relativement simple, il reste toujours intriguant : on se demande ce que fait Jeff Costello au début du film, on se demande comment il va s'en tirer face aux policiers ou face à ses anciens commanditaires.
Ces dernier mois, j'ai enfin vu des films avec des acteurs "stars" des années 60 dont je ne connaissais pas les films et tous se sont révélés proche de l'image que je m'étais déjà fait d'eux : j'ai vu Belmondo en grand couillon sympathique, Bardot en garce insupportable et dans ce film je vois Alain Delon dans un rôle de personnage imperturbable qui tient le film sans afficher une émotion. On a l'impression que lorsqu'il se déplace, il sait qu'il est Alain Delon dans sa tête. Seul quelques micro-secondes de la fin laissent entrevoir une félure sous la carapace de façon limite subliminale. Il est parfait pour le rôle.
Le reste du casting est parfait, d'autant plus qu'en dehors de Nathalie Delon, il est composé d'acteurs qui me sont relativement inconnus, encrant encore plus le film dans une forme de réalité. Et en tant qu'utilisateur occasionnel du métro parisien, le fait de voir des scènes de filatures et de course poursuite à l'intérieur m'a ravi.
Héla, le film est quand même ponctué de petites fautes de crédibilités par-ci par-là : J'ai mentionné dans mon résumé le fait qu'au lieu de se faufiler, Jeff Costello entrait et sortait du bureau de son contrat devant des centaines de témoins. Alors, bon, dans Hitman ça peut peut-être fonctionner, mais là, c'est quand même un peu gros. Et seul deux témoins le reconnaissent ?
On a aussi un mouchard de la police qui est mis dans un lieu complètement "obvious", des policiers visiblement équipés d'ondes wi-fi pour pouvoir transmettre, en temps réel, des infos à un tableau situé au commissariat. (Je rappelle qu'on est en 1967...)
Bref, ces petits trucs qui font décrocher et qui sont vraiment vexantes tant le reste du film est bien.