Foster qui tourne chez Chabrol, voilà une rencontre dont j’aimerais connaître les tenants ! Je n’en ai vu que le résultat : un film sur la Seconde Guerre mondiale où le casting étranger ne dépare pas, parce que le réalisateur l’a fait dans le je-m’en-foutisme le plus complet. Pas besoin de le savoir pour se rendre compte que l’œuvre est une succession de petites scènes ultra-linéaires, sans art dans la chronologie ni intérêt pour les ellipses, dont les dialogues superficiels viennent à sous-tendre des choses incroyablement plus grandes qu’eux : des relations, de la politique, puis la Collaboration.
Sous cette médiocrité de façade dont Foster se joue totalement, arrivant à être naturelle même trop jeune dans le mauvais pays et avec la mauvaise langue, Chabrol touche ironiquement à l’essence d’une ”histoire” : ses banalités, sa platitude, sa mondanité même n’ont aucun intérêt, pourtant elles deviennent solides justement parce qu’elles sont assumées. Si les défauts avaient été des erreurs, ils auraient causé de grands dommages, toutefois ils sont hérités d’un grand esprit qui retrace rapidement de grands évènements. Le résultat est une esquisse, un film d’ambition qui se retrouve confiné dans un minimalisme parfois affreux ; en revanche, on peut facilement apparenter cela à un style.
Si le film passe mal, peut-être faut-il reconsidérer la propension qu’on a eue dans le cinéma à représenter la guerre tour à tour comme une tragédie (avec Gabin, à qui le personnage de Foster fait allusion ”en direct”) ou une comédie grande-vadrouillesque. La guerre était ”grande” et on peut encore la dépeindre telle, mais quel en est le besoin ? C’est dans ces questionnements que me retranche Chabrol après m’avoir embarqué dans son casting bariolé et son charcutage historique. Un mauvais film oui, mais un dilemme aussi.
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