Foster qui tourne chez Chabrol, voilà une rencontre dont j’aimerais connaître les tenants ! Je n’en ai vu que le résultat : un film sur la Seconde Guerre mondiale où le casting étranger ne dépare pas, parce que le réalisateur l’a fait dans le je-m’en-foutisme le plus complet. Pas besoin de le savoir pour se rendre compte que l’œuvre est une succession de petites scènes ultra-linéaires, sans art dans la chronologie ni intérêt pour les ellipses, dont les dialogues superficiels viennent à sous-tendre des choses incroyablement plus grandes qu’eux : des relations, de la politique, puis la Collaboration.


Sous cette médiocrité de façade dont Foster se joue totalement, arrivant à être naturelle même trop jeune dans le mauvais pays et avec la mauvaise langue, Chabrol touche ironiquement à l’essence d’une ”histoire” : ses banalités, sa platitude, sa mondanité même n’ont aucun intérêt, pourtant elles deviennent solides justement parce qu’elles sont assumées. Si les défauts avaient été des erreurs, ils auraient causé de grands dommages, toutefois ils sont hérités d’un grand esprit qui retrace rapidement de grands évènements. Le résultat est une esquisse, un film d’ambition qui se retrouve confiné dans un minimalisme parfois affreux ; en revanche, on peut facilement apparenter cela à un style.


Si le film passe mal, peut-être faut-il reconsidérer la propension qu’on a eue dans le cinéma à représenter la guerre tour à tour comme une tragédie (avec Gabin, à qui le personnage de Foster fait allusion ”en direct”) ou une comédie grande-vadrouillesque. La guerre était ”grande” et on peut encore la dépeindre telle, mais quel en est le besoin ? C’est dans ces questionnements que me retranche Chabrol après m’avoir embarqué dans son casting bariolé et son charcutage historique. Un mauvais film oui, mais un dilemme aussi.


Quantième Art

EowynCwper
5
Écrit par

Créée

le 7 nov. 2019

Critique lue 310 fois

1 commentaire

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 310 fois

1

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 26 oct. 2018

8 j'aime

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

8 j'aime

1

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3