A sa sortie en 1987, Rampage se voulait un plaidoyer contre la peine capitale. Mais en 1991, vu que William Friedkin avait changé d'avis sur la question, et y était devenu favorable entre temps, il a remonté le début et la fin de son film pour lui faire dire l'exact contraire de son idée de départ.
Conséquence : depuis un peu plus de 35 ans, la version d'origine est invisible, sans doute du fait de Friedkin lui-même. Mais la version de 1991, remontée à une époque où le film n'était plus vraiment sur le devant de la scène, n'est pas disponible davantage... Donc en clair, le film est aujourd'hui invisible. Et il n'y a bien que la Cinémathèque pour avoir en 2024 projeté les deux versions depuis l'époque de leur sortie.
Et sa qualité dans tout ça ? D'une manière générale, Rampage est souvent dévalorisé, sans doute à tort. Car il laisse une impression assez marquante malgré tout. La musique mélodique mais un tantinet angoissante d'Ennio Morricone met d'entrée mal à l'aise. Le rythme n'est volontairement pas trépidant, le montage plutôt haché, et l'ensemble assez bavard. Le contraste avec les films célèbres de serial killers sortis bien après, Silence des agneaux et consorts, est frappant. Car Rampage n'a rien de ludique ou de trépidant. Il se cantonne à une description assez factuelle et brutale de son sujet, sans ornementation, scène de bravoure ou autre. Le film est clinique, froid et pas mal de plans sont des plans serrés assez statiques, notamment la partie tribunal. En outre, qu'importe la version, le film est largement polémique, ce qui facilite encore moins sa réception.
Mais Rampage est suffisamment intéressant, ne serait-ce que pour l'histoire autour de la genèse du film et le rapport qu'il entretient avec son réalisateur, pour être considéré.