Clouzot, la captivante noirceur !!!

Henri-Georges Clouzot, un des plus grands cinéastes mondiaux de tous les temps ? Oui, sans conteste. Le plus grand cinéaste français de tous les temps ? Figurez-vous que j'ai envie de répondre oui. Un des meilleurs et des audacieux pour ce qui était de montrer la part sombre de l'humanité, le tout avec un sens du récit bien fait pour pleinement captiver le spectateur. Un technicien absolument exceptionnel, il suffit de regarder les images de son film jamais achevé L'Enfer pour se le prouver. Le seul à avoir été l'égal d'Hitchcock pour ce qui est de la maîtrise du suspense.

Une figure absolument fascinante, aux méthodes pour le moins très controversées et radicales pour ce qui était d'obtenir le meilleur de ses acteurs. Tous les acteurs, même ceux qui étaient déjà magistraux à l'origine du genre Louis Jouvet, qu'il a dirigés ont donné le plus grandiose de leur talent dans ses œuvres. Même Brigitte Bardot, comédienne ultra-sexy, charismatique, d'un fort caractère mais au talent au mieux amusant, a donné une véritable performance de grande actrice, même une des plus grandes performances d'actrice de tous les temps, oui carrément, dans La Vérité ; seul Clouzot a réussi à véritablement la diriger. J'ai encore des frissons à la pensée de la séquence où son personnage crie sa vérité au tribunal.

Ce très long et décousu préambule pour dire que j'ai une immense admiration pour Henri-Georges Clouzot et que donc je ne pouvais qu'être vivement intéressé par un documentaire sur lui, aussi moyen soit-il.

Un documentaire un peu court, qui n'évoque même pas des œuvres comme Manon, son sketch dans le film Retour à la vie, avec (attention pléonasme !) un Louis Jouvet absolument fabuleux en ancien déporté qui veut comprendre, Les Espions, ou encore La Prisonnière (juste quelques images de tournage !), qui pourtant auraient pu encore plus approfondir l'oeuvre, car bien dans les thématiques du réalisateur, et l'homme qu'il était.

Et les interviews (je ne parle pas de celles du passé, du frère du réalisateur, Jean, de Bernard Blier, de Suzy Delair, de Brigitte Bardot ou encore de son amie et secrétaire, qui ont directement côtoyé le Maître et qui ne peuvent que dire des choses passionnantes !) ne sont guère utiles et peu pertinentes. Mention spéciale à Bertrand Blier, qui va même jusqu'à comparer Quai des Orfèvres à Certains l'aiment chaud (prochain numéro, Sátántangó de Béla Tarr sera comparé au dernier Star Wars !). Et dire que le temps de ces interviews, au mieux vides au pire stupides, aurait pu être consacré à des interviews (donc utiles !) du passé ou aux films non évoqués et cités ci-dessus.

Heureusement que l'homme, sa vie, son oeuvre se suffisent largement...