Irénée, jeune naïf idéaliste, aspire à un destin plus élevé que celui d'employer dans l'épicerie de son oncle qui lui est offert. Il rêve de gloire et de cinéma, alors quand une équipe en tournage dans son village prétend qu'il a du talent il fonce tête baissée à Paris. Le malheureux ne se rend pas compte les vilains cinéastes se sont payés sa tête. Mais par son excès de confiance et son obstination comique il parviendra à percer dans ce milieu très fermé.
Alors qui est l'idiot dans cette histoire? Est-ce Irénée dont la naïveté enfantine fait sourire le spectateur et attire les railleries des professionnels du cinéma méprisant de la France rurale? Ou bien est-ce au contraire ces professionnels du cinéma qui se sont avérés peu clairvoyant? Ou encore les proches d'Irénée, son oncle en tête, pour qui le cinéma n'a pas d'avenir est restera l'art de l'intelligentsia urbaine? Irénée est le plus clairvoyant dans tout ça. Un prophète par accident en quelques sortes.
Le Schpountz est une comédie très drôle et intelligente, porté par un Fernandel burlesque sans tomber dans le grotesque. Charpin est lui aussi en pleine forme, les joutes verbales qu'il échange avec Fernandel sont devenues légendaires. On a que trop cité sa fameuse réplique : "tu n'es pas bon à rien, tu es mauvais à tout". Deux grandes gueules tempérés par la justesse et la pudeur d'Orane Demazis, véritablement une des meilleurs actrice de sa génération, bien aidée par des rôles loin de la gourdasse trop souvent présente dans ces vieux films.
Avec cette comédie Marcel Pagnol réalise peut être son meilleur film, loin du ton plus sombre de la plupart de ses œuvres majeures, en particulier Manon Des Sources ou César. Une légèreté qui lui sied très bien, tout comme au grand Fernandel qui trouve un rôle à sa hauteur.