Oeuvre typique des 70's, elle en est représentative du point de vue sociologique, un couple d'artistes -écrivain, sculpteur-, se retire de la vie urbaine pour s’isoler dans une grande maison au milieu de la nature ardéchoise; du point de vue politique par l’évocation du conflit entre armée et défenseurs des terres du Larzac ; caractéristique des années 70 enfin par l’atmosphère totalement paranoïaque en vogue dans un certain cinéma politico-policier de l’époque.
Enfermé au secret, un homme (JL Trintignant) s’évade d’une prison qui a davantage l’air d’un centre de torture que d’un établissement pénitentiaire. Qui est-il ? Quel est son secret ? Est-il recherché uniquement pour avoir tué son gardien lors de son évasion ? Il dit être poursuivi et en danger de mort pour avoir surpris par hasard un secret d’état. Est-ce un fou dangereux, un dément, un paranoïaque, un affabulateur, est-il dangereux ou en danger ? on ne le saura qu’à la dernière scène du film.
Sa cavale le conduit dans la montagne ardéchoise, où après hésitation, il accepte d’être hébergé par un couple en marge de la société, (Ph. Noiret, M. Jobert) un peu bohème, un peu intello, qui vit dans un manoir délabré à l’écart du village. Ils forment un couple gentiment dépareillé, mais uni. Lui parait idéaliste, rêveur (Noiret avec cheveux longs !), plein de bonhommie, attiré par l’aventure qui surgit avec cet inconnu. Elle est plus méfiante, sur ses gardes, intriguée par le comportement continuellement inquiet et perpétuellement sur la défensive de cet homme. Pour lui c’est l’aventure qui surgit, pour elle c’est la peur… Au soutien permanent de l'un, s'oppose la défiance destructrice de l'autre. Thomas (Noiret) ne peut se résoudre à abandonner cet homme, aussi bien par sympathie que par goût de l'aventure. Il lui propose de le conduire dans les Landes et, de là, de le faire passer en Espagne par bateau. Après un trajet en voiture émaillé de quelques péripéties et sueurs froides, le trio arrive dans les Landes où le bateau s’avère inutilisable. Et le secret sera maintenu jusqu’à l’ultime seconde, abrupte, violente, implacable.
Malgré quelques moments peu crédibles (manœuvres militaires autour du château !) le récit à la résonance kafkaïenne, maintient une ambiguïté permanente et une atmosphère d'angoisse de plus en plus oppressante. Le générique se limite quasiment à trois acteurs qui portent le film et dont la confrontation resserrée renforce l’état de tension.