Le secret de la chambre noire, premier film français de la pointure du cinéma japonais moderne qu’est Kiyoshi Kurosawa, est un bien étrange objet de cinéma; à l’image des appareils photos qu’utilise Stéphane (Olivier Gourmet) dans le film.
Comment dire… la ligne de fond du scénario est convaincante. La direction est maitrisée, si bien que le film est parfois haletant. Les jeux de lumière, aussi, sont intéressants. Enfin, Tahar Rahim y est tout simplement Brillant - il évolue complètement au-dessus de ses partenaires de jeu. On y reviendra.
Kurosawa, on le sait, a une fascination certaine pour le monde des âmes, qu’il ne rechigne jamais à faire transparaître à l’écran. Le secret de la chambre noire n’échappe pas à la règle. Seulement, une question : le cinéma français se prête-t-il bien au genre Kurosawa ?
Je ne sais pas exactement combien de temps dure le film, mais il m’a paru long; très long. C’est tout simplement l’ambiance du film qui m’a dérangé. « C’est fait exprès » diront les sceptiques. Soit. Qu’on m’explique alors ce que Constance Rousseau et son jeu de 20h50 font là. Plus que tout, je déteste quand un film français sonne téléfilm. Celui-là n’en est pas bien loin. Cette actrice est tout simplement Nulle, elle a gâché mon plaisir. Peut-être devrais-je attendre de la voir dans un autre film pour mieux juger, mais très honnêtement je n’en ai pas envie du tout. Peut-être la direction de Kurosawa exigeait un tel jeu. Certes, il ne doit pas être évident de diriger un film dont on ne parle pas la langue; les acteurs peuvent êtres incités à basculer dans le surjeu.
Mais Constance Rousseau, c’est du sous-jeu. Digne d’un Paris FC - Marseille Consolat en Coupe de France. La vacuité. La tristesse-même.
Navré d’en faire un sort mais j’ai vraiment ressenti son rôle comme l’épine dans le pied du film, qui aurait pu être bien meilleur. C’est dommage car il y avait un vrai potentiel, dans l’histoire et dans l’ambiance. Par ailleurs, les relations entre Stéphane et sa fille restent très sommaires et auraient pu avoir un apport incroyable dans le film, c'est une vraie carence.
A vrai dire, je ne comprends pas bien moi-même ce qui m’a profondément déplu dans le film. Pourtant je ne l’ai pas aimé, ça j’en suis sûr. Peut-être des raccourcis dans la narration -
Jean (Tahar Rahim) qui sombre dans la folie de façon un peu trop abrupte ?
Ou des espérances trop élevées en raison de ma passion pour les cinéastes japonais…
Je n’exclus pas de revoir le film un jour; voire même de l’apprécier. Mais pas maintenant, s’il vous-plaît. En revanche, j'aimerais insister sur la performance de Tahar Rahim. Elle m'a vraiment bluffée. Mon oeil critique de l'acting n'est pas des plus aiguisés, mais cette fois, c'est frappant. Jean, qu'il interprète est le personnage le plus vrai et le plus touchant du film. Si vous hésitez à aller voir Le secret de la chambre noire, en voilà au moins une vraie bonne raison.