Devant le phénomène inattendu que fut "La planète des singes", il était évident que la 20th Century Fox n'allait pas tarder à y donner suite, d'autant que cette dernière était sérieusement dans le rouge à l'époque. Une suite est donc hâtivement mise en chantier, mais sans la participation de Franklin J. Schaffner (occupé sur "Patton"), ni celle de Roddy McDowall. Réticent à reprendre son rôle, Charlton Heston acceptera finalement de faire une apparition, histoire de soutenir un Richard Zanuck sur la sellette.
Rejetant les idées de Rod Serling (qui avait déjà participé au premier) et de Pierre Boulle (dont le traitement n'était pas sans rappeler une aventure de John Carter), les producteurs engageront finalement Paul Dehn, dont le scénario sera quelque peu modifié par le réalisateur Ted Post et le comédien James Franciscus.
Débutant là où l'original s'achevait, "Le secret de la planète des singes" suit les mésaventures d'un clone de Charlton Heston (Franciscus donc, qui s'en sort plutôt bien), atterissant sur la fameuse planète la fleur au fusil et se retrouvant aux prises avec des mutants télépathes partouzeurs de droite et adorateurs de la bombe H (et l'on sait que monsieur Franciscus déteste les partouzeurs de droite, surtout s'ils sont préhistoriques).
Un sacré bordel au final, récit mou de la chique doublé d'une parabole facile sur l'affrontement entre le pouvoir en place et les contestaires, ainsi que sur la prolifération des sectes. Les singes du film n'ont finalement qu'un rôle secondaire, pas aidés par des maquillages pas toujours flatteurs (si les rôles au premier plan bénéficient d'un grimage parfait, les figurants doivent se contenter d'un vulgaire masque d'Halloween) et des séquences tombant souvent dans le ridicule (voir le docteur Zaïus "à poil" dans un sauna vaut son pesant de nutella).
De ce naufrage, on ne retiendra que de jolis matte paintings, une ou deux visions délicieusement schizophrènes (la statue en sang) et surtout, une fin incroyablement pessimiste tuant dans l'oeuf toute possibilité de suite, ultime bras d'honneur d'un Dick Zanuck envers son père qui venait de le virer comme un malpropre. Qui a dit qu'un producteur n'avait pas le sens du fun ?