Surfant sur le succès de Planet of the Apes, cette suite sort deux ans plus tard. La voie était ainsi ouverte à une saga qui comportera 5 films. Le dernier sortira en 1973 avant que la saga ne ressurgisse en 2001 avec Planet of the Apes de Tim Burton, puis en 2014 avec une suite de trois nouveaux films. C’est dire que le roman de Pierre Boulle a été une source d’inspiration prolifique. Il est vrai qu’inverser la position humaine en reléguant l’homme au rang de l’animal et élever le singe à la position tenue par l’homme, ouvre tout un potentiel de réflexions et de perspectives.
Beneath the Planet of the Apes a un scénario un peu bancal, il n’est pas toujours bien rythmé, le manque de budget est visible. Il n’atteint donc clairement pas le niveau du premier film de la saga. Il n’est cependant pas sans intérêt. Il est pour l’essentiel un reflet des tensions qui agitent les USA dans les années 70 autour de la guerre du Vietnam. Cette histoire est une critique acerbe et irrévérencieuse de la guerre et de l’arme atomique. Elle agit comme un miroir et renvoie l’image d’un pays qui fait de la guerre son Dieu sous couvert de toutes sortes de raisons. La séquence du culte grotesque rendu à la bombe est particulièrement caustique : « Gloire à la Bombe et au Saint Atome, comme au commencement ». Les hymnes solennelles, le rituel reprenant des éléments du culte catholique mais en les inversant met en lumière le dévoiement des USA, engagé dans un conflit mortifère et impopulaire.
Dès l’ouverture du film, le ton du film est pessimiste : une voix solennelle énonce un texte sacré qui rappelle ce verset biblique de la Genèse dans lequel l’homme reçoit cette parole de Dieu : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. ». Sauf que le verset cité dit tout l’inverse, qu’il est tiré des textes sacrés simiens et prononcé par un singe :
Méfiez vous de l’homme-animal car il est l’instrument du diable. Seul parmi tous les primates de Dieu, il tue par plaisir, désir ou avarice. Oui, il tuera son frère pour s’approprier la terre de son frère. Empêchez-le de se multiplier, car il transformera en désert son foyer et le vôtre.
Un réquisitoire sévère qui se poursuit tout au long du film et auquel le dénouement apporte une confirmation. C’est par la main de l’homme que l’inéluctable se produit avant de nous plonger dans un silence glaçant ! Une fin choc qui a impressionné les spectateurs de l’époque et qui nous impressionne aujourd’hui encore.