Encore une fois, je vais être dans l'obligation de remercier Arte. Une petite semaine après sa soirée Gremlins, voilà-t'y pas que la chaîne m'offre une seconde occasion de me replonger dans le cinéma de mon enfance par le biais d'une de mes plus savoureuses Madeleine de Proust, celle que je range bien soigneusement aux côtés de Matinee, d'Explorers ou de Big Trouble in Little China. Un de ces films miraculeux que j'ai découvert tout minot devant la vieille télé déglinguée familiale, généralement sur la défunte 5, et sans la couleur parce qu'à l'époque, c'était réservé aux nantis. Le genre de production qui vous dynamite l'imagination du môme que j'étais, qui se prenait pour le héros une fois le film fini et qui, après une laborieuse enquête, pointait théâtralement du doigt le chat en l'accusant d'avoir posé sa pêche sur le canapé du salon alors qu'il s'agissait du chien.


Produit par la merveilleuse Amblin à une époque où le principe de prequel n'était pas encore aussi populaire qu'aujourd'hui, Young Sherlock Holmes est donc ce film qui émerveilla mon enfance à un point tout simplement inimaginable. Avant qu'il ne soit détrôné dans mon coeur infidèle par les dinosaures de Steven Spielberg (ici producteur), le film d'un Barry Levinson pré-Rain Man constituait la quintessence de ma jeune cinéphilie. Pensez donc, tout y était: le mystère, l'aventure, le suspense, l'amuuuur, le tout mâtiné d'une légère dose de frissons apte à vous filer des cauchemars pour la nuit.


Ecrit par un Chris Columbus au sommet de son art (et qui réalisera les deux premières adaptations d'une célèbre saga littéraire s'étant clairement inspirée de ce film-ci), Young Sherlock Holmes s'amuse à imaginer l'adolescence des deux célèbres héros nés de l'imagination de Conan Doyle, sans jamais prétendre s'inclure dans la chronologie officielle. Bien au contraire, l'exercice s'apparente davantage à une variation dans le style d'un Great Mouse Detective, à un vibrant hommage aux écrits du maître.


Extrêmement respectueux du matériau d'origine et ponctué de références amusantes, Young Sherlock Holmes est surtout un modèle de cinéma familiale, un concentré de magie à l'état pure, condensant tout ce qu'il y a de plus excitant dans le genre pour aboutir à un croisement entre Tintin, Indiana Jones et Le club des 5. Une merveille d'écriture, ne sacrifiant jamais ses personnages au profit d'un spectacle vain. Tour à tour exaltant, drôle, touchant, effrayant, le film de Barry Levinson ne prend jamais son public pour un con, creuse admirablement la psychologie de son jeune héros, allant même jusqu'à éviter le traditionnel happy end.


Portée par la vibrante partition de Bruce Broughton (rien que le thème, bordel... https://www.youtube.com/watch?v=f-n0KAytdDw), par des effets spéciaux incroyables pour l'époque (dont l'emploi révolutionnaire de l'ordinateur pour la scène du vitrail, séquence supervisée par... Pixar) et par un jeune casting d'inconnus qui le resteront malheureusement, Young Sherlock Holmes est pour moi une des plus belles variations autour du personnage imaginé par Conan Doyle. Une oeuvre intelligente, palpitante, émouvante, parfois un peu flippante, et imprégnée d'un inattendu romantisme douloureux qui me fend encore le coeur à chaque nouvelle vision.

Créée

le 15 mars 2016

Critique lue 2.1K fois

46 j'aime

10 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

46
10

D'autres avis sur Le Secret de la Pyramide

Le Secret de la Pyramide
Torpenn
5

Massacre au sectateur

Les aventures du jeune Sherlock Holmes et du jeune Watson... oui, oui, déjà, ça, c'est un blasphème, mais bon, ils s'excusent beaucoup pour l'abus et on leur pardonne, parce qu'en fait, c'est plutôt...

le 16 févr. 2012

36 j'aime

18

Le Secret de la Pyramide
SanFelice
7

Sherlock Holmes et le temple maudit

Oubliez vos idées reçues. Non, Sherlock Holmes et Watson ne se sont pas rencontrés à l'âge adulte, alors que le docteur revenait des Indes et se cherchait un logement à la capitale. Conan Doyle a...

le 25 janv. 2013

29 j'aime

2

Le Secret de la Pyramide
Play-It-Again-Seb
8

Sherlock et la pyramide maudite

Si elles n’ont pas forcément laissé que de grands souvenirs culturels, il faut quand même rappeler que les années 80 n’ont pas tout raté. Sous l’impulsion de Steven Spielberg, notamment, le cinéma...

le 9 mars 2021

18 j'aime

6

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

212 j'aime

20