C'est moins un film qu'on regarde parce que le scénario avait l'air malin et la réalisation audacieuse que parce qu'on a envie de voir Michael J. Fox en action. Avant d'être connu pour son rôle de Marty McFly dans Retour vers le Futur, Michael J. Fox était devenu une star grâce à son rôle d'Alex P. Keaton dans la sitcom Family Ties. La série mettait en scène le conflit générationnel entre des parents hippies issus de la libération des moeurs, et leurs rejetons grandissant et partageant les valeurs d'une Amérique reaganienne plus traditionnelle. Alex P. Keaton était l'archétype du jeune républicain qui rêve de réussir à Wall Street. La série s'arrêtait lorsque Alex quittait le domicile familial pour aller tenter sa chance à Manhattan.

En quelque sorte, le personnage de Brantley Foster, le héros de The Secret of my Succe$s, reprend là où on avait laissé Alex P. Keaton. Jeune diplômé de l'Université du Kansas, Brantley Foster (Fox) part tenter sa chance à Manhattan. La chance ne lui sourit pas trop, mais il est motivé et énergique, nous dit-on, et prêt à prouver sa valeur. Il partage ainsi son temps entre être employé au courrier, un job de merde qu'il a obtenu par piston, et usurper l'identité d'un cadre dirigeant, Carlton Whitfield, pour imposer des idées audacieuses qui pourraient sauver sa boîte. Se greffe là-dessus une intrigue sentimentale sans trop d'âme.

Au-delà du conte moral sur les valeurs qui permettent la réussite en Reaganie (la volonté, le grand cœur et l'ambition), les chassés-croisés sentimentaux donnent en vérité une saveur insoupçonnée à cette comédie un peu plate à la base. Le neveu se tape sa tante par alliance pendant que le mari de celle-ci la trompe avec la jeune employée, qui est elle-même convoitée par son neveu, alors que celle-ci pense qu'il s'agit de Carlton Whitfield, sans savoir que Carlton et Brantley sont une seule et même personne, et alors même que l'oncle de Brantley lui demande d'empêcher que Carlton ne séduise sa maîtresse... En vérité, derrière cette comédie familiale sur le monde du travail manhattanite se cache un des derniers enfants de Marivaux (ou était-ce Feydeau et Labiche?). En témoigne ce grand moment de quiproquos nocturnes dans un manoir des Hamptons, à la fin du film. Ces marivaudages et l'énergie de Michael J. Fox suffisent à en faire un film plaisant à regarder.
VirginiA
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le 5 oct. 2010

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