Ce film que je croyais destiné avant tout aux pré ados m'a agréablement surprise. Derrière une intrigue faussement enfantine et des enjeux au ralenti se cache une oeuvre mélancolique, humble et plus subversive que son affiche photoshopée ne le laisse présager.
Attention, chute de spoils.
Cette histoire d'amitié entre les deux ados fonctionne parfaitement car elle est simple et s'adresse à l'enfant que nous avons tous été. Entre la réserve d'un Jess soumis et introverti et la fougue créatrice de Leslie, chacun peut s'identifier. Les situations, à l'école ou en famille, sont éloquentes et toujours justes sans verser dans le cliché. J'ai vraiment apprécié cet aspect épuré dans les dialogues et les scènes qui jamais ne s'enlisent dans le mièvre ni le trop appuyé. Etonnant pour une production Disney d'afficher tant de réserve et de subtilité.
Cette relation entre Jess et Leslie au coeur du film est touchante, délicate. Chaque enfant se nourrit de la personnalité de l'autre, de son imaginaire et de ses manques. C'est avant tout le "rejet" par leur famille qui va les rapprocher. Le jeune garçon, en quete de ce père réprobateur et fantomatique, va pouvoir laisser libre court à son imagination. Les thèmes abordés sont nombreux et traités avec simplicité. Relation père/fils, sentiment d'exclusion scolaire et familiale, épanouissement créatif et artistique etc...
Qu'il est beau cet épanouissement construit à deux sur un imaginaire commun. Jess le graphiste, Leslie la littéraire. Le garçon qui s'émancipe peu à peu dans le sillage de cette fille aux foulées aériennes et à l'energie communicative. Même après L'Accident, Jess réagit de la meilleur des façons en renouant avec sa famille. Il tend enfin la main à sa jeune soeur, brisant ainsi le shéma qu'il calque sur sa relation avec son père. C'est émouvant, brutal, soudain. Il n'y a pas de terrorisme lacrymal, les scènes ne s'appesantissent pas sur la douleur et la souffrance. La détresse et le desespoir sont simplement suggerés. Cet Accident qui rappelle sans détour que la réalité aura toujours le dernier mot n'empeche pas Jess de garder intact son lien avec l'imaginaire. Il va pouvoir s'émanciper, mûrir et affronter l'apreté du réel en puisant une volonté nouvelle dans ses reves et sa famille.
Si le film est plus que séduisant, il accumule quelques défauts qui nuisent au plaisir général. La réalisation est limite, parfois maladroite et sans imagination. Un comble quand on connait le thème principal du film. Les deux personnages de Leslie et Jess sont tellement écrasants qu'ils asphixient tous les autres (ou presque) les releguant au rang de décors interatifs. Il faut dire aussi que les prestations des jeunes acteurs sont excellentes et que les autres parviennent difficilement à exister. Mention spéciale à Anna Sofia et son charme canaille.
L'histoire prend son temps pour démarrer, il s'installe un faux rythme et je me suis demandée durant la première demi heure quand le film allait vraiment commencer. J'attendais secretement une activité surnaturelle, trop conditionnée que j'étais par les Harry Potter, Narnia et consort. Je me suis laissée bercer par cette mélancolie d'apparrence pour finalement tomber dans le piège.
J'aurais bien aimé que certains rôles soient plus devellopés, comme cette relation père/fils. Cette prof musicienne, réduite à un simple élément de culpabilité, ces élèves bas du front relégués à la fonction de tyrans décérébrés et télévores. Ces familles à peine esquissées. Peut-etre que vingt minutes supplémentaires auraient comblé ce vide.
Alors oui, j'ai aimé ce film, pour sa fraicheur, Sa Surprise, sa mélancolie. J'ai aimé car il s'adresse à cette part de moi que mon côté adulte tente d'enfouir année après année. J'ai aimé car il réveille en moi ma capacité à m'émerveiller.