Afin d'apporter un certain cachet à ses productions jugées parfois trop schématiques, Hollywood a comprit un jour qu'elle avait tout a gagner en embauchant des cinéastes étrangers, leur offrant un terrain de jeu bien plus vaste que ne pouvait leur offrir leur terre natale en échange de leur style bien particulier. Encore aujourd'hui, le cinéma américain continue de rameuter des cinéastes venus du monde entier mais avec des résultats bien moins probants qu'à l'époque de ce "Secret derrière la porte", porte-étendard de la période américaine de l'allemand Fritz Lang.
Adaptation du roman de Rufus King, "Le secret derrière la porte" nous entraîne dans la psyché d'une jeune femme inconstante et un brin volage qui va, à partir d'une rencontre inattendue, plonger tête la première dans un océan de mystères et de faux-semblants, attirée par un côté obscur ne demandant qu'à sortir.
Fable morale sur la curiosité tout autant que thriller psychanalytique jouant magistralement sur les apparences, "Le secret derrière la porte" baigne constamment dans une atmosphère onirique directement héritée du conte cruel, une sorte de relecture contemporaine du mythe de Barbe-bleue mélangée au roman gothique et au cinéma hitchkockien, un suspense labyrinthique et baroque porté par la superbe mise en scène de Fritz Lang et par la photo en clair-obscur de Stanley Cortez.
Si le film souffre de nombreuses longueurs, c'est pour mieux détourner un dénouement attendu qui n'arrivera finalement jamais, l'ensemble basculant soudainement d'un point de vue à un autre avec une maîtrise proprement diabolique, achevant de faire de cet horrible secret une histoire d'amour certes imparfaite mais délicieusement déviante et fascinante, comme on en fait malheureusement plus beaucoup.