Le début du film m'a fait penser à Rebecca de Daphné du Maurier (et donc forcément aussi au Rebecca d'Hitchcock) ; mais la référence principale du film, comme le titre l'indique, est bien sûr le conte Barbe Bleue.
Esthétique très belle, ce qui rajoute au malaise ambiant, est-ce que toute cette beauté ne participe pas à une romanticisation des féminicides ? Cela me fait toujours froid dans le dos, ces épouses parfaites, incarnées par des actrices éblouissantes de beauté, qui déclarent le regard brillant d'amour à celui qui veut les tuer : "je t'ai épousé pour le meilleur et pour le pire", et semblent se livrer de leur plein gré à cette violence à laquelle elles se pensent condamnées, misogynie intériorisée... même sentiment de malaise que celui que j'avais ressenti devant la Bête Humaine de Renoir !
Le dénouement part pourtant un peu dans une autre direction et le scénario voudrait s'en tirer par une pirouette psychanalytique qui viendrait tout expliquer et résoudre (cf les Hitchcock Pas de printemps pour Marnie, la Maison du Dr Edwardes...) avec toujours le combo magique traumatismes refoulés, complexe d'Oedipe, sentiment d'abandon... mais tout est lié aussi je pense à ce dont je parlais précédemment, la "Fââââmme" ne serait donc toujours qu'une mère ou une putain, et serait encore et toujours responsable, soit des pulsions meurtrières des hommes, soit de leur rédemption ?!
Quoi qu'il en soit - même si la fin manque de subtilité à mon goût, et je me dis que peut-être que la richesse du sujet a dépassé le réalisateur, au final, ce qui est bien normal quand on fait une relecture moderne de ce film ! - un plaisir de visionnage, une réussite visuelle, et donc d'une certaine façon une sublime illustration de la violence du monde patriarcal.