Dans la première moitié des années 1950, Charlton Heston tourne beaucoup. Quand il sera consacré en 1956 par Les Dix Commandements, il se fera alors plus rare et plus regardant sur ses rôles. Amateur très tôt de films à grands spectacles, l’acteur se laisse tenter par ce projet autour de la civilisation inca. Sur le papier, plane l’esprit de Quand la Marabunta gronde qu’il a tourné l’année précédente. Le résultat est, en revanche, bien loin de cette réussite. Son défaut majeur est son absence totale de souffle pour un film d’aventure. Il faut dire qu’il apparaît très clairement à l’écran que deux équipes ont été à l’ouvrage. Tandis que la seconde est partie tourner des extérieurs à Macchu Picchu, la première et ses vedettes sont restées en studio. Ce n’est pas rédhibitoire, loin de là, mais c’est ici très handicapant.
La faute à un scénario linéaire, exempt de péripéties et incapable d’exploiter son postulat sur un bijou inca que le personnage principal rêve de découvrir. Au lieu d’une quête propice à l’aventure, le film se concentre rapidement autour du personnage féminin qui fait tourner la tête de tous les hommes et les détourne de leur quête initiale. Ce qui a pu fonctionner dans de nombreux films de cette époque où aventure et romantisme se mêlaient allégrement tombe ici rapidement à plat. Le personnage féminin manque de mystère et d’intérêt. Les enjeux scénaristiques sont sacrifiés les uns après les autres et les poncifs les plus éculés sont alignés. Il ne reste dès lors plus que la mise en avant de la civilisation inca avec son site de Macchu Picchu, ses derniers descendants, ses danses et trois chansons d’Yma Sumac dont les cris m’agacent plus qu’ils ne me transportent.
C’est typiquement le film qui a beaucoup vieilli et qui frappe aujourd’hui par son côté désuet. Tout est terriblement lent, daté et convenu. Cependant le résultat n’est pas sans intérêt. On a ainsi toujours plaisir à revoir Charlton Heston qui a une belle gueule de baroudeur. Son style, avec son blouson de cuir marron et son chapeau élimé, sera un modèle pour définir celui d’Indiana Jones. On peut aussi se laisser séduire par quelques trouvailles qui seront développées ailleurs. Il faut cependant s’armer de beaucoup d’indulgence.