Bonne entrée en matière pour Sergio G. Sanchez, avec ce premier film. Ode à la lenteur et à une mise en scène très soignée, il peut pourtant dérouter.
C'est à croire qu'il y avait une compétition dans la compétition cette année, à Gérardmer. Le spectateur a en effet pu retrouver plusieurs fois cette typologie de films, que l'on soit en lice pour un prix ou non.
Parmis le casting, on retiendra notamment "Les Affamés", ou "La Nuit a dévoré le Monde".
Car tous mettent un avant un scénario, une ambiance profonde et / ou un soin tout particulier pour la mise en scène.
Mais Marrowbone regroupe tout cela, et jongle avec les codes du film de fantômes; préférant une approche plus théâtrale.
Les scènes sont toujours travaillées, avec des cadrages fixes et une grande profondeur de champ pour permettre plus d'immersion.
Cela donne donc tout son sens au jeu des acteurs, dont l'excellente distribution vous permettra de reconnaître des têtes connues, et pas des moindres:
Anya Taylor-Joy (The Witch, Split; tous deux primés à Gérardmer), Charlie Heaton (Stranger Things), et Mia Goth. (A Cure for Life)
La scénarisation, en droite ligne de l'Orphelinat, est riche et plutôt inspirée, réservant des twists bien sentis et quelques plans d'envergure.
On a donc ici tout ce qu'il faut pour offrir du très bon spectacle, et pour peu que vous appréciiez les films d'ambiances, vous passerez un bon moment.
Pourtant il manque un petit quelque chose pour en faire un grand film.
On vous offre en effet plusieurs arcs narratifs, et on suit les péripéties des personnages avec intérêt, mais tout cela manque quand même un peu de relief.
Seul le personnage de l'avocat fera réellement décoller la narration sur une partie secondaire de l'intrigue, ce qui donne au final un résultat assez étrange.
Pas désagréable, mais différent.
Le film étant dans la droite lignée de l'Orphelinat, il fait l'éloge d'un certain classicisme, (dans tous les sens du terme) on ne peut donc pas le lui reprocher si on connaît son prédécesseur.
On aime ou on n'aime pas.
Mais de mon point de vue, l'Orphelinat gérait un peu mieux les pics de tensions, redonnant donc du souffle à l'intrigue quand c'était nécessaire.
On trouvait aussi plus de Jump Scare, le jeu avec le spectateur était donc plus évident.
Ici la réalisation ne relève pas forcément la sauce, préférant la sobriété aux effets de genre, même si la caméra s'amuse avec des draps notamment. (Petits clin d'oeil à Halloween et à l'Orphelinat ?)
On obtient donc un détachement presque froid sous certains aspects, et cela contraste là aussi avec la chaleur des sentiments mis en avant pour deux des personnages principaux, sans spoiler.
Marrowbone est donc une expérience intéressante pour l'amateur de cinéma de genre, même s'il ne révolutionne pas le genre. On ne casse pas la baraque, bonne cherche pas forcément à vous faire peur. Juste à vous émouvoir, et peut être surtout à vous montrer qu'il est possible de faire autre chose que de la violence frontale ou très démonstrative.