Avant d'accéder dans la seconde partie de sa carrière à des productions plus ambitieuses et mieux dotées financièrement, Don Siegel a longtemps été l'un des rois de la série B carrée et percutante.
Des divertissements - souvent policiers - efficaces et sans prétention, emballés en moins d'une heure et demie.
"Edge of eternity" s'inscrit parfaitement dans cette démarche : Siegel signe un petit polar bien fichu aux faux-airs de western, puisque l'intrigue est située dans l'Arizona, au sein d'une ville fantôme accolée à une ancienne mine d'or, désormais à l'abandon.
Le décor naturel du Grand Canyon constitue clairement le meilleur atout du film, d'autant que Siegel exploite bien ce cadre majestueux lors d'un dénouement spectaculaire, à bord d'un minuscule téléphérique voguant au-dessus du vide. Dommage que les effets spéciaux de l'époque, à base de transparences, atténuent quelque peu la sensation de vertige.
Sans rien proposer de très original ni de très captivant, l'intrigue policière en vaut une autre, avec une touche appréciable de whodunit : j'avoue d'ailleurs avoir été surpris par l'identité du meurtrier.
Côté casting, sans faire des étincelles, les comédiens se montrent plutôt à leur avantage, à l'image de Cornel Wilde et Victoria Shaw dans les rôles principaux, entourés de quelques visages connus au sein du supporting cast (Jack Elam, Edgar Buchanan, Mickey Shaughnessy...).
"Edge of eternity" manque évidemment d'ambition et de complexité (ainsi, la sous-intrigue politique est abandonnée en cours de route), mais offre un petit divertissement tout à fait acceptable, doté en prime d'une belle photo aux couleurs chatoyantes.