Le Seigneur des Anneaux
5.6
Le Seigneur des Anneaux

Long-métrage d'animation de Ralph Bakshi (1978)

Grand fan du classique de Tolkien, le cinéaste Ralph Bakshi, profitant du succès de son adaptation de "Fritz the cat", profita de l'abandon du projet de John Boorman pour proposer ses services au studio United Artists, dans le but de mettre en images une trilogie. Le deal sera réduit à deux films, avant que UA ne décide finalement de ne pas mettre en chantier le second volet, malgré le succès du film d'un Bakshi amer.

Plus proche du cinéma expérimental que de l'animation traditionnelle, "Le seigneur des anneaux" permet à Bakshi de jouer à loisir avec la technique de la rotoscopie, consistant à filmer des comédiens de chair et d'os, pour ensuite "colorier" les images obtenues pour un résultat plus fluide. Le cinéaste / animateur reconnaîtra quelques années plus tard que son utilisation excessive d'un tel outil était une erreur, et qu'il aurait du s'en servir davantage comme un brouillon que comme une fin en soit.

Visuellement, le film de Bakshi est donc très particulier et a bien évidemment affreusement mal vieilli. Les rares séquences en animation pure semblent désuètes et peinent à atteindre une certaine uniformité, tandis que les scènes en rotoscopie apportent un cachet étrange, à la fois raté et fascinant dans les moments censés être épiques. Ajoutez à cela un prologue en ombres chinoises horriblement cheap et un chara-design souvent à la ramasse (les hobbits ressemblent à des versions miniaturisés des Beatles, Aragorn à un catcheur sur le retour, Elrond à un empereur romain, Boromir à un viking, Legolas à un attardé mental...), et la déception est quasi totale.

Condensant "La communauté de l'anneau" et une bonne partie des "Deux tours" en un seul film de deux heures, "Le seigneur des anneaux" version Bakshi paraîtra incompréhensible pour qui ne sera pas familier avec l'univers de Tolkien, et ressemble finalement plus à un gros résumé qu'à un véritable film, aspect renforcé par l'absence d'un second film jamais tourné, le téléfilm "Return of the king" tourné deux ans plus tard étant un projet bien différent.

Malgré toutes ces réserves, qu'elles soient formelles ou narratives, il émane cependant de cette adaptation une certaine aura, un certain mystère, peut-être dû au fait que les adaptations de Tolkien étaient rares à l'époque (et encore aujourd'hui, en fait). Bakshi parvient même à mettre en boîte une poignée de séquences marquantes, à l'image de la première apparition du cavalier noire, terrifiante, et qui aura influencé Peter Jackson pour sa célèbre trilogie.
Gand-Alf
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Le film qui vous a traumatisé (liste participative)., Fairy tales., 365 days of magic... or not. et 1978.

Créée

le 12 déc. 2014

Critique lue 1.5K fois

31 j'aime

1 commentaire

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

31
1

D'autres avis sur Le Seigneur des Anneaux

Le Seigneur des Anneaux
Rivendell
3

Mais qui a piqué le pantalon d'Aragorn ??

Okay. Je vous met dans les conditions du visionnage. Et je vous raconter ma vie en même temps. J'étais avec mon amie @Ilmarë en vacances en Bretagne. Il était environ 21h30 quand on se décide à mater...

le 22 févr. 2015

26 j'aime

14

Le Seigneur des Anneaux
Kliban
6

Critique de Le Seigneur des Anneaux par Kliban

Il est difficile de juger du film de Bakshi, tant le grotesque y côtoie quelques traits de génie. Cela devient évident à le comparer à l'essai globalement transformé de Jackson. Les scène d'animation...

le 31 oct. 2010

25 j'aime

8

Le Seigneur des Anneaux
le-mad-dog
6

Réhabilitons Ralph Bakshi

Si on y prend pas garde les productions de Ralph Bakshi vont finir par n'être plus que souvent sujet à moqueries ou à vidéos pour YouTuber peu inspirés : c'est facile de se moquer de la bizarrerie de...

le 28 mars 2021

8 j'aime

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

212 j'aime

20