Vingt années et quelques jours pluvieux n'ont pas réussi à achever cette quête, celle de l'ultime, celle que l'anneau suprême lui-même ne saurait résoudre: la recherche permettant de déterminer quel est le meilleur morceau de la trilogie du seigneur des anneaux, le plus vibrant, le plus épique ? Vingt ans plus tard, toujours étourdi par la découverte initiale, je commence seulement à poser des mots sur cette question, qui depuis s'est transformée en doute, en douleur qui hante mes jours et plus encore mes nuits.
De "La communauté de l'anneau", il ne devait pas question ici. Certes elle fut en son temps une découverte brillante, éblouissante, transcendante, vue deux fois au cinéma en une semaine et revisitée de nombreuses fois depuis, mais voilà, ce n'est qu'une introduction, et on n'écrit pas sur une introduction. L'introduction esquisse, ébauche, dessine des contours, c'est son unique objet, elle ne saurait se comparer, s'évaluer au regard du développent ou du dénouement qu'elle préfigure.
La communauté de l'anneau, c'est vrai, introduit... mais de quelle manière! Immédiatement, la voix de Galadriel envoutante, suave, nous narre les débuts de la terre du milieu, terre ou furent forgés les 19 anneaux de pouvoir, donnés aux elfes aux hommes ou aux nains, mais surtout l'anneau unique, l'anneau de pouvoir forgé par Sauron le maitre des ténèbres :"one ring to rule them all" ouvrant la voie à la conquête de la terre du milieu par les forces du mal.
Il n'est déjà plus question d'introduction, mais de confrontation à l'épique dans un déluge d'images magnifiques, de batailles furieuses, monumentales : la légende prend vie. Les créatures les plus répugnantes, innombrables s'animent, affrontent les armées des hommes et des elfes dans la tourmente: le combat du bien contre le mal absolu a commencé. Il durera trois heures ici, puis six heures sonneront du côté du gouffre de Helm et enfin neuf lorsque prendra fin la terrible bataille de Minas Tirith.
Pourtant, il faut bien présenter les personnages, se rendre dans la Comté, pays des hobbit, dont l'un deux a conservé l'anneau et dont le neveu choisi par Gandalf le magicien est probablement le plus à même de détruire cet anneau: le Hobbit "le plus insignifiant être qui soit" n'est ni cupide, ni avide de pouvoir. Ce séjour en terre Hobbit ne s'éternise cependant pas (contrairement au roman de JRR), et très vite le périlleux voyage des quatre créatures aux pieds velus débute. Peter Jackson, le conteur du merveilleux chuchote à notre âme d'enfant, réveille nos peurs enfouies lorsque les Nazguls reniflent l'anneau, nous invite à prendre part à l'aventure au cœur de somptueux décors néo-zélandais.
Tolkien avait créé un univers, un bestiaire quasi unique en son genre, Jackson lui donne vie brillamment : les Gobelins, Trolls, Orques inquiétants , sont des prouesses de maquillages, ils terrorisent. Le fantastique confine parfois à l'épouvante: le Elfes sont d'une beauté presque virginale, les hommes courageux, chevelus, héroiques... Tous les membres de cette communauté sont attachants par opposition donc aux créatures de l'ombre, maléfiques. Et comme le dit le proverbe :"plus inquiétant est le méchant, plus réussi sera le film"
L'un des points d'orgue du métrage est incontestablement la traversée périlleuse de La Moria, le combat homérique de Gandalf contre le Balrog, le tout porté par une musique D'Howard Shore qui est pour beaucoup dans la réussite de cette épopée.
C'est vrai certains effets spéciaux paraissent un tantinet désuets aujourd'hui, les fonds verts (bleus pour l'occasion) et incrustations se devinent, mais il s'agit probablement du seul défaut de cette master piece.