J'avoue qu'il m'aura fallu plus de 20 ans et plusieurs revisionnages (en versions cinéma et étendue) pour pleinement apprécier l'impact de ce premier "Lord of the Rings". Que je considère non plus seulement comme une référence du film d'heroic fantasy, mais comme une œuvre majeure des années 2000.
Car en 2001, Peter Jackson frappe fort. Il nous livre le premier volet d'une adaptation ultra ambitieuse de la célèbre trilogie de Tolkien, étonnement jamais portée auparavant au cinéma (s'il on excepte un film d'animation en 1978). Près de 9 heures (12 en version longue !) réparties en 3 films. Des années passées à tourner et repérer la Nouvelle Zélande, des milliers de figurants, et des costumes et décors en pagaille.
Ce premier volet marque par sa créativité et son pouvoir immersif. La multitude de décors, de sous-intrigues, et de développement de personnages, savamment présentés et étayés sur 3h (3h30 en version longue, sans compter un générique dopé de 20 minutes !), permettent de rendre justice à un univers d'une densité et d'une richesse inouïes. Qu'il s'agisse des différentes terres, des espèces & cultures, de l'histoire guerrière, des sorts & pouvoirs magiques...
Ainsi cette quête pour détruire l'anneau de pouvoir, prise en étau dans un monde où la guerre gronde, sur fond de diverses successions et coups tordus, s'avèrera passionnante et épique.
Au son des compositions majestueuses d'Howard Shore (loin de ses collaborations avec David Cronenberg !). Une BO qui d'ailleurs fait parfois penser, dans l'esprit, à celle de "Conan the Barbarian"...
Avec les images de paysages sublimes de Nouvelle-Zélande, qui constituent presque un clip promotionnel pour le pays, à coups de forêts, montagnes ou villages reconstitués. Au-delà de leur beauté, leur réalité permet d'éviter le tout numérique et implique pleinement le spectateur.
Et appuyées par des effets spéciaux à la pointe. Si une ou deux incrustations ont un peu mal vieilli, il faut se rappeler que tout ceci a plus de 20 ans, et demeure encore largement convaincants. En tête, les trucages astucieux pour gérer les tailles très différentes des acteurs et de leurs personnages !
Parlons d'ailleurs des acteurs. Peter Jackson a ratissé large, entre inconnus relatifs et célébrités. Toujours est-il que tout le monde semble parfaitement casté. Ian McKellen en mage espiègle, Christopher Lee en sorcier sournois, Elijah Wood en jeune aventurier au coeur pur, écrasé par son fardeau, Viggo Mortensen en roi exilé troublé, etc.
Si je veux pinailler, je dirais bien que le seul élément gênant du film est une invraisemblance allègrement pointée du doigt : pourquoi diable ne pas envoyer les Aigles pour déposer directement l'anneau au coeur du Mordor ? Mais je suis sûr que les Tolkiennistes avertis sauront m'expliquer la chose...
Cela n'empêche pas le film de demeure une oeuvre de référence de son époque !