Durant ses pérégrinations et autres vagabondages dans les méandres de l'internet moderne et des réseaux asociaux, le masqué a été saisi de constater que La Guerre des Rohirrim, cela n'intéressait apparemment pas grand monde. Ou alors suscitait, dès avant sa sortie, des réactions de rejet pour le moins épidermiques du genre "Mais quelle animation de merde !", "Exploitation, piège à cons !" ou encore "A bas le grand capital pas bien !".


Tout comme il était étonné du fait que de plus en plus de voix tentaient de relativiser, voire de tout simplement contester l'excellence de la première trilogie du Seigneur des Anneaux. Comme s'il fallait aujourd'hui nécessairement, pour se donner un genre, dénigrer les icônes, déboulonner les statues et remettre en cause les chef d'oeuvres.


A n'y plus rien comprendre, tout ça, ma brave dame. Et faisant réaliser que le masqué ressemble de plus en plus à un vestige du temps ancien.


A n'y plus rien comprendre non plus, aujourd'hui, devant certains billets. Car de nos jours, le critique veut tout et son contraire dès lors qu'il fait part de ses petits états d'âme et de ses desideratas dans la manière de rentabiliser une franchise. Rendez-vous compte : un peu trop de nouveauté distillée et il vous fera immanquablement une crise cardiaque devant l'outrage et l'absence de cohérence de la saga. Il n'y a qu'à se souvenir du traitement réservé aux Derniers Jedi pour s'en convaincre...


Au contraire, trop de conservatisme ou de déférence, et il vous tirera une moue de dégoût longue comme le casier judiciaire de Carlos, en ayant le culot d'asséner que c'est paresseux, cynique, et que l'absence de nouveauté, c'est vraiment le nouveau Satan du cinéma moderne. S'il ne dégaine tout simplement pas la tarte à la crème du fan service.


Car c'est finalement ce que l'on reproche à cette Guerre des Rohirrim. Parce qu'il aurait fallu, sans doute, tout refaire de fond en combles, quitte à trahir l'unité visuelle initiée par la saga de Peter Jackson, ou pire, les écrits de Tolkien, ce que l'on aurait sans doute pas manqué d'arguer pour le défoncer. Car il aurait fallu sans doute invoquer une autre faune guerrière, dont on aurait plus trouver aucune trace dans les opus déjà portés à l'écran et devant se dérouler plus tard dans la chronologie de l'auteur.


De telles exigences contradictoires font que cette Guerre des Rohirrim ne peut que se crasher contre le mur critique d'aujourd'hui, identique à un sale gosse gâté pourri qui casse les jouets qu'il a pourtant ardemment réclamés en se roulant par terre.


Si le fan de l'oeuvre de Peter Jackson ne sera effectivement jamais dépaysé, le film change cependant l'orientation de sa focale sur l'univers qu'il traverse et arpente. L'animation japonaise permet cependant à la saga, comme avec Star Wars Visions, de s'offrir un petit vent de fraîcheur et de nouveauté bienvenu. Tout comme il permet des références qui ne tombent pas sous le sens dans la mythologie du Seigneur des Anneaux, comme à Princesse Mononoké, dans l'apparition d'un Mûmakil pris de folie, ou de rendre tout le caractère épique de certaines chevauchées des plus grisantes.


Et si certains ont déjà grincé des dents sur la qualité technique de l'ensemble, celui-ci se montre pourtant assez joli et dynamique pour convaincre, même si certaines animations se montrent parfois saccadées, ou que le rendu des effets de flammes pourra être vu comme perfectible. Mais il reste de superbes décors et une certaine ambition visuelle qui font la plupart du temps mouche.


Mais surtout, La Guerre des Rohirrim s'inscrit sur un territoire du Rohan dont il réussit à restituer la majesté, le charisme et la fougue de son peuple, tout en s'affranchissant des implications du récit du Seigneur des Anneaux. Oui, le siège du gouffre de Helm a déjà été mis en scène, mais aujourd'hui, dans La Guerre des Rohirrim, il ne sera pas question d'affrontements à grande échelle. Tout simplement parce que le film choisit un angle un peu plus intime centré sur ses personnages. Passées une intrigue d'allégeance, c'est aux hommes (et femmes) qui l'animent que l'oeuvre s'intéresse. Et si quelques stéréotypes apparaîtront peu inspirés, Kenji Kamiyama dresse d'intéressants parallèles de caractérisation, entre Helm et Wulf en tête.


Et même s'il aurait gagné à être un poil condensé, La Guerre des Rohirrim laisse, à la sortie de la salle, de belles images en tête et de bonnes impressions grâce à ses envolées qui, parfois, tutoient les mythes qui irriguent les plus grandes histoires, celles de J.R.R. Tolkien en tête.


Behind_the_Mask, les gogos lassent.

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