Je n’avais initialement pas de problème avec l’idée de faire une adaptation en anime de la franchise de Tolkien. D’autant plus que Kenji Kamiyama semble bénéficier d’un pedigree pas dégueu au vu de la réussite critique de ses travaux sur Ghost in the Shell: Stand Alone Complex. Alors quitte à réveiller la licence façon Peter Jackson, les incartades chez Amazon méritant d’être effacées par la concurrence Warner, pourquoi pas, cela pourrait apporter un peu de fraîcheur.


Seulement voilà, dès les premières minutes on sait que l’on ne va pas s’émerveiller, que l’on ne va pas s’amuser, et que l’on va déchanter de toute potentielle illusion. On sait que l’on va bien se faire chier.


La faute à l’animation d’abord. Un truc saccadé que l’on croirait sorti du bas de gamme des années 80. Un machin où l’on te vend des batailles épiques en affichant trois personnages à l’écran, éliminant de facto tout semblant d’ampleur. Un bidule qui hybride CGI et dessin traditionnel de la plus laide des façons. Le film à coûté 30 millions de dollars et il est impossible de voir cet argent à l’écran. N’importe quel épisode d’une série actuelle, type Attack on Titans!
ou autre Chainsaw Man le met à l’amende pour un budget infinitésimalement moindre. Pis encore, le film a coûté trois fois plus que Akira, sorti 36 ans plus tôt, et doté de bien moins de technologies facilitatrices. The War of the Rohirrim est informe, un mumak boiteux et défiguré que l’on n’ose regarder dans les yeux.


En parallèle de cela, la chose se permet de dérouler une histoire sans aucune surprise, où le sort de chaque personnage est déterminé dès son introduction. S’il suit les appendices de la trilogie centrale de Tolkien au pied de la lettre, exception faite de l’intégration du personnage de Hera (dont on justifie d’ailleurs l’absence des textes sans aucune cohérence avec la destiné que l’on lui donne, mais dont j’apprécie par ailleurs la teneur symbolique malgré la redite d'Eowyn), ceux-ci n’ont absolument pas vocation à être adaptés en un format long. Et c’est bien là le souci, c’est que la seule raison d’exister de ce film est pour la Warner de préserver le fragment des droits qu’elle possède.


Un bordel de propriétés intellectuelles sans nom que j’ai compris comme suit pour la partie vidéo : Warner possède les droits du Seigneur des Anneaux, du Hobbit et des appendices de ces derniers, tandis que Amazon détient les droits sur les appendices relatifs au Second Âge, ainsi que sur certains passages relatifs à cette période dans les autres ouvrages de l’auteur (comme la carte de Numenor par exemple). Le Silmarillion et consorts sont à ce jour hors du champ des adaptations possibles. Je ne rentrerais pas dans les ayants droits du merchandising et autres adaptations Lego, Magic, Warhammer, ou jeux vidéos, tant l’imbroglio est imbitable. Toujours est-il que l'on comprend aisément dans ce foutoir que les écrits éligibles au portage sur grand écran sont assez minces.


Reste quelques idées scénographiques et des designs pas vilains, mais dont ne transparaît souvent que l’idée initiale peinant à s’affirmer dans une exécution médiocre, telle cette statue de glace qui dans un autre film aurait pu avoir une certaine puissance picturale et narrative. Pourquoi à nouveau rester si sage et ne pas embrasser le style exubérant propre à l’animation japonaise afin de se créer une véritable identité, une vision singulière, plutôt que cette bouillie tiédasse qui se retrouve le cul entre deux chaises? Car la volonté de s’imbriquer dans l’univers mis à l’image par Peter Jackson fait tâche, allant de la surexploitation de la bande-son d’Howard Shore dès la première image, à la référence dans ta face qui prend le spectateur pour un demeuré qui vient conclure la pellicule, en passant par la narration gratuite de Miranda Otto (Eowyn). A vouloir trop bouffer à tous les râteliers, on se file une indigestion.


J’avais envie d’y croire, mais même avec toute la volonté du monde, le constat est sans appel, c’est un plantage sur tous les aspects. Et si l’annonce de The Hunt for Gollum avec Andy Serkis à la barre (s’il respectait le personnage qui l’a fait, il ne réaliserait pas, il a bien dû voir le résultat sur Venom 2 ou Mowgli) me faisait déjà tressaillir avant de m’infliger TheWar of the Rohirrim, le projet me file désormais des symptômes grippaux. Le traitement putassier façon Star Wars est en marche, là comme chez Harry Potter. Le déclin du MCU n'a a priori pas encore fait entendre raison aux pontes l'industrie.


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Frakkazak

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