Bavards du crépuscule
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S'il y a une chose que j'avais adoré quand j'avais lu "le Seigneur des Anneaux", et qui avait achevé d'inscrire le livre de Tolkien dans la courte liste de mes romans préférés, c'était le final : pour la première fois - je n'avais guère plus de 15 ans - on me faisait ressentir ce qu'est "l'après", le retour impossible à la vie "normale" quand on a vécu l'horreur (le syndrome du retour du Vietnam, si l'on veut, sur lequel les réalisateurs américains ont carrément construit un genre cinématographique), et le tout aussi insupportable retour à l'anonymat dans une société qui ne comprend pas ce que vous avez fait... et qui, franchement, s'en moque. Là où Peter Jackson me déçoit, et trahit pour moi son "manque d'ambition" - oui, malgré ses scènes de bataille apocalyptiques ! -, c'est lorsqu'il préfère terminer son "Retour du Roi" sur la beaucoup plus banale tristesse de dire adieu, sur la nostalgie d'une amitié que le temps délite : tout cela n'est certes pas faux, mais ô combien plus banal... Cet épilogue larmoyant, interminable et très kitsch, ne fait qu'effleurer la sombre nostalgie du malheur avec laquelle Tolkien clôturait son grand'oeuvre.
Sinon, "le Retour du Roi" marque beaucoup de points grâce à ses longues, longues, mais tellement impressionnantes scènes guerrières, où des milliers d'orques en décousent avec des milliers de non-orques à l'arme blanche. Avec en sus, catapultes et oliphants gigantesques. Difficile de ne pas adhérer à tant de démesure, même si les effets spéciaux digitaux commencent à se faire un peu trop envahissants ! C'est brutal, barbare, ça serait presque parfait si on comptait un peu plus de morts du côté des bons, car l'invraisemblable résistance de "nos héros" est telle qu'elle épuise un peu notre bonne volonté.
Et là où le dernier film de la trilogie perd des points, c'est dans ces scènes vraiment lourdes de "souffrance" de notre ami Frodon (Elijah Wood délivre une performance, consistant à rouler en permanence ses yeux bleus, qui est tout sauf mémorable, et qui peut même sembler grotesque par instants...) lors de la dernière partie de son périple vers les flammes de la montagne du destin. Lorsque Sam et lui échappent eux aussi à une mort certaine, le spectateur a un peu envie de passer à autre chose...
Bref, il y a quand même pas mal de défauts dans ce dernier volet, qui est pourtant le meilleur des trois : le metteur en scène qui semblait profondément endormi chez Peter Jackson, laissant toute liberté à l'illustrateur appliqué, s'est réveillé. Quelque chose vibre véritablement sur l'écran : le souffle épique des batailles balaye les spectateurs, les angoisses et les tourments cessent d'être affichés pour être ressentis, et ces personnages se mettent à vivre sous nos yeux, et non plus à mimer maladroitement des situations depuis longtemps écrites. Une véritable tension naît par instants, et le "Seigneur des Anneaux" devient pleinement du Cinéma.
[Critique réécrite en 2020, suite à un nouveau visionnage du film - le cinquième depuis 2003 et le second en version longue, supérieure à la version sortie originellement en salles - en compagnie de ma fille la plus jeune, qui découvre la magie de l'univers tolkienien...]
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Créée
le 30 sept. 2013
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