Version Longue :
Époustouflant.
Je ne saurais exprimer correctement mes impressions suite à cet énième visionnage des Deux Tours qui se révèle tout simplement être l'apothéose de cette saga, du cinéma de Peter Jackson voire même de ce genre et du blockbuster. Ce dernier, après un premier opus déjà remarquable, sublime à nouveau cet univers si riche et passionnant, l'adaptant à sa manière et se permettant quelques libertés par rapport à l'œuvre de Tolkien mais toujours dans le but de servir son film.
Le Néo-Zélandais construit son récit de fort belle manière, suivant les différentes intrigues et personnages à travers un montage ingénieux et sachant donner de l'importance à tous les enjeux et protagonistes sans en sacrifier. En plus des anciens, qui sont toujours très intéressants, voire attachants, l'introduction des nouveaux est impeccable, allant d'un Gollum inquiétant à un Faramir se sentant abandonné par son père ou un roi Théoden apportant sa contribution à la lutte. Les personnages sont bien étudiés, tout comme les relations qu'ils ont entre eux, à l'image d'un Gollum qui va diviser un Frodon confiant, naïf et dont l'anneau commence à prendre le dessus et un Sam très vigilant et méprisant envers lui. C'est aussi un Aragorn face à son destin, son passé et son amour ou encore Merry et Pippin apportant une touche légère et humoristique bien trouvée à l'ensemble. Tant d'éléments contribuant à la richesse d'un récit si bien écrit (que ce soit l'élément d'origine, l'adaptation scénaristique ou les dialogues) et merveilleusement exploités par un Peter Jackson au sommet de son art, ne faisant que rendre son œuvre encore plus passionnante.
L'univers est toujours, à ce point, passionnant tandis que Jackson met peu à peu en place une atmosphère prenante, parfois fascinante et toujours de plus en plus sombre, on ressent pleinement le mal qui gronde. Au delà même des premiers niveaux de lecture, il s'intéresse aussi à d'autres thématiques, notamment autour de l'humain, la guerre, le sang versé ou la cause écologique via les Enths. Si ça ne reste qu'une toile de fond, ça ne fait que renforcer tout cet univers, permettant de lui donner encore plus de consistance et de profondeurs. Le point que j'ai trouvé encore plus passionnant ici, c'est autour de l'anneau et l'addiction qu'il provoque. Une addiction à un pouvoir prêt à corrompre même les plus purs des hommes, le tout symbolisé par un Gollum schizophrène et divisé de l'intérieur. En exploitant ses sujets, sans pour autant nuire à l'aventure, l'action ou encore l'émotion, Jackson ne fait que renforcer l'obscurité, la puissance et l'ambiguïté de son œuvre.
Déjà que le premier nous régalait de ce côté-là, mais les mots épiques et grandioses prennent encore plus de sens ici, quelle mise en scène ! Les combats sont à couper le souffle, avec le Gouffre de Helm en apothéose, tandis que Jackson alterne plans rapprochés, d'ensemble ou encore travelling et nous immerge au cœur des batailles et au plus près des personnages. En plus du gouffre de Helm, les autres séquences d'actions sont de franches réussites, à l'image des (magistrales) apparitions des Nazgûl, terrifiant à souhait et il alterne de belles manières avec les moments plus calmes. Il met toujours en avant la beauté des paysages, sans que ça ne gêne au récit, bien au contraire, sa maîtrise du côté visuel est époustouflante, tout comme son dosage entre décors naturels et effets spéciaux. L'ensemble est toujours sublimé par la partition d'Howard Shore, alors au sommet de son art. À noter qu'ici, plus que dans les autres opus, la version longue apporte vraiment un plus au film, notamment les scènes avec Dénéthor ou Merry et Pippin.
Quelle maestria de la part de Peter Jackson pour sublimer un univers déjà fascinant à la base et nous faire passer par de multiples sensations à travers cette sombre, palpitante et magistrale immersion au cœur des Terres du Milieu.