Le zéro de conduite de Viggo
Suite de ma redécouverte trépidante de la trilogie de Peter Jackson en version longue avec le deuxième opus, le plus faible, particulièrement charcuté en version cinéma et qui gagne nettement à recevoir quelques rajouts de bon aloi.
C’est dommage d'ailleurs que ce soit le plus faible, parce que, sur le papier, c’était l'histoire la plus prometteuse, tout est déjà mis en place, l’aventure est enfin lancée et la bataille du gouffre de Helm promet un final grandiose parfait pour conclure l’épisode…
Hélas, les quelques ajouts ne peuvent rien contre une partie centrale absolument moisie qui plombe le film de façon incompréhensible et surtout impardonnable.
Viggo Mortensen est le réceptacle involontaire de mon courroux du jour. L’histoire d’amour pourrie entre Aragorn et Arwen prend ici une place écoeurante qui lasserait les mieux disposés des spectateurs, catégorie dont je ne suis pas certain de faire partie, malgré mon amour immodéré pour les films épiques de bonne facture. Rien ne nous est ici épargné, même la vision futuriste d’un rejeton hideux et je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi les scénaristes ont jugé utile de nous encombrer d’une pareille cornichonnerie, la malédiction des épisodes deux, probablement, ce qui ne saurait servir de justification acceptable.
En plus, Aragorn passe son temps à dragouiller Eowyn, ou du moins à la laisser fantasmer sur son romantisme de pacotille. La pôvre petiote, qui n’a pas dû voir beaucoup de mâles dignes de ce nom dans son village de pécores, semble avoir le corps qui la travaille et le pervers, au lieu de lui dire gentiment que, outre le fait de pouvoir être son arrière-grand-père il est tout sauf disponible à apaiser ses envies légitimes, il préfère la laisser prendre ses espérances, jouant sur le côté encore amoureux de la poule qui est partie mais prêt à un peu de consolation si gentiment offerte. Je sais bien que tout cela dure en plus sur deux épisodes, mais tant pis, celui-là prend pour l’ensemble, ça lui fera les pieds…
Histoire de bousiller vraiment toute cette partie du film, nous avons le droit à une attaque d’Uruk-hai montés sur ses Wargs, moment esthétiquement pénible, tant le rendu de ces créatures est particulièrement raté et leur ressemblance avec les grands loups d’origine complètement hors sujet sous cette forme de hyènes obèses numériques… Avec ça, au niveau de l’histoire, c’est très mauvais, avec encore le pauvre Viggo qui nous fait une fausse mort venue de nulle part et ne servant absolument à rien, à part vraiment nous prendre pour des jocrisses.
Avec toutes ces couillonneries, Viggo ne laisse parler que la partie pesante de son personnage, moi, j’aimais bien Grand-Pas par exemple, mais même dans le premier épisode il passe vite à la trappe, de Grand-Pas il n’y aura donc pas, tout ça pour en faire des tonnes sur le fils d’Arathorn qui est tout de même infiniment moins sympathique.
Ce qui est dommage aussi c’est que la quête du nain de l’humain et de l’elfe, c’est normalement la meilleure partie de l’histoire, toute la partie Frodo-Sam étant plus faible. Ici, d’ailleurs, avec l’accentuation du désastre de l’adaptation de la relation entre les deux nabots, ça tourne un peu au cauchemar, avec un Elijah toujours insupportable et une prise de pouvoir par Andy serkis qui transforme ça en one-man-show gollumesque un peu grotesque.
Bon, sinon, le début est chouette comme tout, la bataille finale apporte son lot de sensations fortes et les paysages sont toujours aussi magnifiques, donc, ça se regarde.
On regrette seulement de plus en plus le massacre de Legolas par Orlando Bloom, décidément toujours sorti d’un jeu vidéo, et qui nous offre même la scène la plus ridicule de la trilogie avec du surf en escalier sur bouclier en pointe, une certaine idée du n’importe quoi… Avec ça, absolument incapable d’arrêter un porteur de torche olympique qui court à demi nu, c’est vous dire si ce type est un désastre…
N’empêche, pour cette fois, la version longue montre vraiment un intérêt, avec des scènes un peu plus joyeuses autour de Gimli, une parenthèse sur l’agrandissement des Hobbits par l’eau des Ents, même s’ils s’en débarrassent vite histoire de ne pas compliquer davantage les prises de vue futures, et un meilleur rythme d’ensemble.
Ca ne suffit pas à compenser les plus grosses bêtises, mais ça permet au moins d’avoir une vraie curiosité pour Le Retour du Roi et vous saurez ce qu’il en est demain si vous êtes sages.