"5ème prix de la critique au Prix Renoir des Lycéens 2015"
Dompter la lumière, éclairer le monde.. Si photographie vient de « lux », la lumière, alors Salgado a compris comment l’apprivoiser.
A travers son oeuvre toute entière, Salgado a su capter les côtés les plus lumineux mais aussi les plus sombres et obscurs de l’humanité. Wim Wenders, lui, a totalement adhéré à son travail et son film le prouve. C’est en utilisant en voix off la voix de l’homme qu’il admire que Wenders fait jaillir les véritables émotions des photos. C’est aussi, grâce à un sublime montage de fondus qui confondent la photo et le visage de Salgado, qu’il insiste sur le moment vécu autour de la photo. On comprend alors pourquoi ce cadre, cet endroit et ces personnes.
A travers ce film, nous sommes amenés à découvrir la longue et prolifique oeuvre de Salgado. « Autres Amériques » rend compte d’un premier projet, celui d’un jeune photographe en quête de découverte et d’aventure.
Mais c’est bel et bien à partir de « Sahel », son deuxième projet photographique, que le travail de Salgado va prendre un nouveau sens. Son départ vers cette partie de l’Afrique va le marquer à tout jamais.
« Sahel » et « Exodes » vont marquer Salgado à un point que la blessure sera décrite comme « balafre de l’âme » par Salgado lui-même. Ses différents voyages au Congo ou encore au Rwanda seront déterminants pour le comprendre en tant qu’artiste. Il compara cette partie de son oeuvre à la mort de la forêt verdoyante qui entourait la maison de ses parents au Brésil.
Après ces deux projets, il recherche une forme de rédemption dans son nouveau projet « Instituo Terro ».
Ce projet est une entreprise pharaonique : il s’agit de replanter la forêt autour de la maison de ses parents. Grâce à cela, il retrouve la vie. Puis vient son dernier projet : « Genesis ». Son but fut celui de montrer la vie, la beauté de la nature et sa grandeur. Ce projet fut un véritable regain d’espoir. Au terme de ce film, il faut voir la vie et l’oeuvre de Salgado comme la vie de cette fameuse forêt qu’il a sauvée.
D’abord pleine de vie puis abandonnée, mourante et enfin renaissante, Salgado est à l’image de cette forêt ; il le dit lui-même à la fin du film : « Je suis aussi nature qu’un arbre, qu’un bout de caillou ».